Amour de l’Autre et mauvais esprit

«We love Arabs» de Hillel Kogan et Adi Boutrous

Au fond, Hillel Kogan n’est pas bien sûr d’aimer tellement les Arabes – et ce n’est pas sans générer, chez ce chorégraphe israélien de gauche, une certaine culpabilité. Ou plutôt, pas certain de si bien connaître l’arabité qui l’entoure, lui qui parle mieux français qu’arabe et dont les références, la culture, l’imaginaire sont avant tout nourris d’Occident. Continuer la lecture « Amour de l’Autre et mauvais esprit »

Gen Z : L’art de la sublimation par Salvatore Calcagno

La jeunesse est belle et lucide, quoiqu’on en dise. Voilà ce qu’affirme plus ou moins Gen Z, nouveau spectacle de Salvatore Calcagno qui raconte la génération Z en lui laissant la parole et en la magnifiant. Continuer la lecture « Gen Z : L’art de la sublimation par Salvatore Calcagno »

Un cirque qui parle de soi

À propos de « Grande » de Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel, bientôt aux Halles de Schaerbeek.

Révélés en 2012 avec De nos jours au sein du collectif Ivan Mosjoukine, Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel poursuivent leurs explorations avec GRANDE- : un condensé haletant de dix ans de recherche autour du cirque et de la parole, assaisonné d’un goût pour le spectacle à compléter. Continuer la lecture « Un cirque qui parle de soi »

Gaz, dans la langue de sa mère

Tom Lanoye – Mise en scène de Piet Artfeuille – Avec Viviane De Muynck

Avec La langue de ma mère (Sprakeloos, selon le titre original en néerlandais), Tom Lanoye racontait sa mère jusqu’à l’épuisement, en ruant dans le flot débordant du langage maternel, dans son rythme flamboyant et ses mots en cascade, dont la maladie l’avait, à la fin de sa vie, dépossédée. Dans Gaz, le premier monologue écrit pour le théâtre par l’écrivain flamand, c’est un fils qui se tait, et la mère qui le parle. Continuer la lecture « Gaz, dans la langue de sa mère »

Pietro Pizzuti, un traduct-acteur passeur de lumière

Le projet du traducteur,
Un film documentaire réalisé par Gaëlle Courtois produit par Alain Esterzon

Le Projet du traducteur, film de Gaëlle Courtois, 2017.

Pietro Pizzuti, acteur, auteur et metteur en scène belgo-italien, fête cette année ses quarante ans de « scène ». Pierre Mertens, à l’occasion de la remise du Prix Italiques 2016, a écrit de lui : « Pour Pietro, l’autre est toujours fondamental, la rencontre avec celui-ci ».

Peut-être est-ce pour cela qu’il s’est mis aussi à traduire, acte de transmission par excellence de la pensée d’autrui exprimée dans une autre langue. Continuer la lecture « Pietro Pizzuti, un traduct-acteur passeur de lumière »

Comme un aimant

À propos de « It’s going to get worse and worse and worse, my friend» de Lisbeth Gruwez.

Danser l’extase du verbe : voilà à quoi s’attaque Lisbeth Gruwez, chorégraphe et danseuse passée par les compagnies de Wim Vandekeybus et Jan Fabre, dans ce solo d’une puissance rare, aussi rigoureux que frénétique.  Continuer la lecture « Comme un aimant »

Rythm & Blues de Geneviève Ryelandt

Une Médée d’aujourd’hui entre fantasme et réalité

Comédienne, metteure en scène et pédagogue, Geneviève Ryelandt a approfondi tout au long de sa trajectoire professionnelle des techniques de théâtre qui visent par l’improvisation à libérer l’imaginaire des
acteurs (professionnels ou amateurs). On pourrait rapprocher cette démarche de celle expérimentée dans les années 1970 par Alain Knapp et son « théâtre création » dont les principes sont repris dans
Une école de la création théâtrale (Éditions Actes Sud/papiers 1983) : par la haute estime que l’on a des actrices et des acteurs et de leurs capacités créatrices, développer un travail qui fuit les clichés pour
produire un jeu qui tente d’être au plus près de l’expression de la vie intérieure et de la poésie qu’elle dégage. Continuer la lecture « Rythm & Blues de Geneviève Ryelandt »

La démesure des nano-mondes

À propos de «Cold Blood»
de Michèle Anne De Mey et Jaco Van Dormael. Texte de Thomas Gunzig.

Quelques années après Kiss & Cry, la chorégraphe Michèle Anne De Mey et le cinéaste Jaco Van Dormael prolongent avec Cold Blood, présenté pour la première fois à Mons en 2015 (1), leur incursion poético-magique dans un univers mêlant théâtre d’objets, nano-danse et cinéma. Continuer la lecture « La démesure des nano-mondes »

Sunday – Pierre Droulers, un homme qui danse

À propos du livre « Sunday. Pierre Droulers, Chorégraphie », récemment paru.

J’ai tendu des cordes de clocher à clocher;

des guirlandes de fenêtre à fenêtre;

des chaînes d’or d’étoile à étoile,

et je danse.

Arthur Rimbaud, Illuminations

Voici un livre poème, un livre-danse, un livre-art, un livre-vie ;
qui raconte l’histoire d’un homme et l’Histoire d’une époque vécue les yeux grands ouverts,
construit et mis en scène comme un spectacle, une chorégraphie, une performance, un travail de peintre ;
où tout ce qui est écrit (textes) et présenté (images), l’est  au plus près du réel, sans travestissement,
puisé dans un amoncellement de traces, récits, photographies, carnets,
exposés sur 24 tables un jour de 2017 dans les espaces de La Raffinerie à Bruxelles. Continuer la lecture « Sunday – Pierre Droulers, un homme qui danse »

Et le corps, alors ?

À propos des « Particules Élémentaires », de Michel Houellebecq, par Julien Gosselin, récemment repris au Théâtre National (Bruxelles).

En 2014, Les Particules élémentaires, adaptation de Houellebecq, révélaient Julien Gosselin, alors âgé de 27 ans, au festival d’Avignon dont il était le benjamin. Continuer la lecture « Et le corps, alors ? »