Un cirque qui parle de soi

À propos de « Grande » de Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel, bientôt aux Halles de Schaerbeek.

Grande - Photo Tout ça / Que ça.

Révélés en 2012 avec De nos jours au sein du collectif Ivan Mosjoukine, Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel poursuivent leurs explorations avec GRANDE- : un condensé haletant de dix ans de recherche autour du cirque et de la parole, assaisonné d’un goût pour le spectacle à compléter.
Ils sont nombreux, ces jeunes trentenaires qui portent un méta discours sur l’art dramatique. Antoine Defoort et ses comparses, au sein de l’Amicale de Production, ont à cœur de détricoter les codes du théâtre et de jouer avec leurs représentations. Dans le cirque, s’affirme depuis plusieurs années un courant minimaliste, réduisant l’acte circassien à sa plus simple expression : Sébastien Wodjan enchaîne les performances pour perdre près de deux kilos de sueur en un spectacle ; Alexander Vanthournout propose une création sous contraintes qui questionne les fondamentaux de l’acrobatie… Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel, cérébraux et joueurs, croisent le fer entre pratiques circassienne et théâtrale.
Formation symétrique pour les deux : la première, issue du Conservatoire supérieure d’art dramatique de Paris, passée par le cinéma et le théâtre (on l’a vue notamment sur les planches de Jacques Rebotier ou Jean-Michel Rabeux, et au cinéma chez Christophe Honoré, Philippe Garel ou encore Antonin Peretjatko aux côtés de Vincent Macaigne), s’initie aux arts du cirque en 2005. Le deuxième a démarré par le cirque, à Rosny-sous-Bois puis au Centre National des Arts du Cirque (CNAC) de Châlons-en-Champagne, puis joue sous la direction de Christophe Huysman ou Mathurin Bolze après un passage par le Conservatoire de Paris. Dès leur rencontre en 2005 au CNAC, ils montent un laboratoire sur la prise de parole au cirque, un écueil sur lequel se sont échoués nombre de propositions, en tentant de théâtraliser artificiellement des actes qui regimbent naturellement à parler d’autre chose que d’eux-mêmes.

Écriture fragmentée

En 2012, le collectif Ivan Mosjoukine posait une petite déflagration avec De nos Jours [notes on the circus]. Aux côtés de Maroussia Diaz Verbèke et Erwan Ha Kyoon Larcher, Vimala et Tsirihaka s’y attelaient de front à relire l’histoire du cirque, jouer avec ses fondamentaux et détourner ses interdits. Suivant le déroulé de notes dûment chiffrées sur la feuille de salle, les saynètes s’y égrainaient, jouant sur une écriture sérielle et ludique. Une manière de rafraîchir le cirque, tout en se fiant à la joyeuse incohérence dramaturgique qui émerge naturellement de son essence : une succession de propositions hétéroclites, où la peur côtoie le rire, dans une mise en jeu de pulsions archaïques, insolites ou dérisoires. (…)

Ce texte est tiré du #131 Écrire, comment ? paru en avril 2017.

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