Quand la danse s’adresse aux arts visuels : points de mire et lignes de fuite

« Soyez les bienvenu.e.s à la rencontre d’Alternatives Théâtrales consacrée aux arts scéniques et plastiques, qui se déroulera au CENTQUATRE-PARIS le 26/02/20.

Invitation ici !

A cette occasion, nous sommes heureux de publier la version intégrale d’un texte de Cécile Schenck, Quand la danse s’adresse aux arts visuels : points de mire et lignes de fuite. Vous en trouverez une version plus courte dans le N° 138.

 

Où en est-on, un siècle et demi après la révolution scénique pensée et partiellement réalisée par Richard Wagner, de la théorie du Gesamtkunstwerk qui donnerait à chaque discipline sa juste place dans “la ronde des arts” ? Si la hiérarchie wagnérienne n’est plus à l’ordre du jour depuis longtemps, contestée dès les années 1920 par la vision démocratique d’un compagnonnage égalitaire de la musique, de la peinture, du livret et de la chorégraphie orchestrée par Serge Diaghilev et Rolf de Maré au sein des Ballets russes (1909-1929) et des Ballets suédois (1920-1925), c’est tout de même au compositeur allemand que la danse moderne doit d’avoir conquis — tardivement — ses lettres de noblesse, et qu’elle a pu revendiquer, à ce titre, un droit à l’indépendance l’autorisant paradoxalement à se passer du secours de ses “arts-frères”. Pouvoir danser en silence, sans décor ni costumes somptueux, voilà qui affranchit, au tournant du XXe siècle, les premières “danseuses libres” de toute tutelle étrangère, et recentre l’attention du public sur l’essence même du geste. Mais nouveau paradoxe, Isadora Duncan, qui n’utilisait, en guise de toile de fond, qu’un modeste rideau bleu et pour tout costume, qu’une tunique légère inspirée du chiton grec, a suscité chez les peintres, sculpteurs, et dessinateurs de son temps un engouement nonpareil. Même constat pour Loïe Fuller, dont les savantes architectures lumineuses offraient aux yeux d’un public médusé le spectacle d’un art proprement immatériel, qui fera dire à Mallarmé : « Le décor gît, latent dans l’orchestre, trésor des imaginations[1] ».

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Fluff – Emmilou Rößling au Beursschouwburg le 31 janvier 2020

Comment dire la douceur d’une plume ? C’est en cette question en apparence triviale que Fluff, le nouveau seule-en-scène de la jeune artiste Berlinoise Emmilou Rößling, trouve son élan et sa profonde vitalité.

Présenté le 31 janvier 2020 dans la Goudenzaal du Beursschouwburg de Bruxelles dans le cadre du Bâtard festival, cet objet chorégraphique surprenant et énigmatique voit son auteure déployer un microcosme autonome et sculptural avec, tour à tour, la précision désenchantée d’une travailleuse à la chaîne, la dévotion d’une vestale, la candeur d’une enfant. Continuer la lecture « Fluff – Emmilou Rößling au Beursschouwburg le 31 janvier 2020 »

Strange fruit / La p. respectueuse et irrespectueuse

m-e-s de Philippe Sireuil / Théâtre des Martyrs du 28 janvier au 15 février 2020

On sait l’importance que Philippe Sireuil accorde à mettre en scène les grands textes du répertoire (Shakespeare, Racine, Molière, Marivaux Tchekhov, Strindberg…) et à défendre les auteurs contemporains (Duras, Koltès, Lagarce, Myniana, Harrower, Louvet…) sans oublier le long compagnonnage qui le lie à Jean-Marie Piemme.

Comme il le rappelle régulièrement, à la différence de nombreux metteurs en scène aujourd’hui qui s’attachent à conjuguer théâtre et réalité au travers d’enquêtes, de témoignages, d’interviews, il se positionne pour un théâtre qui au travers de la fiction, du récit n’a de cesse d’interroger le réel dans sa complexité et ses contradictions.

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Monument 0.8 : Manifestations

Eszter Salamon
Kaaitheater 17 et 18 janvier 2020

Le théâtre politique est un exercice périlleux. Pourtant Eszter Salamon, en nous parlant de l’histoire marginalisée du féminisme en Roumanie, a produit un spectacle extraordinaire. Sur scène, cinq femmes, dont une au physique et à l’âme de torera, altière et sublime de profondeur contenue. Une autre plus jeune semble une jeune louve pleine de rage, et toutes les cinq sont magnifiques de force et de présence. Continuer la lecture « Monument 0.8 : Manifestations »

Collectif Eudaimonia

A l’occasion des représentations de DERNIERS REMORDS AVANT L’OUBLI par le Collectif Eudaimonia (21 > 25 janvier 2020  Cratère, scène nationale d’Alès
28 > 31 janvier 2020 MAC de Créteil), nous publions cet entretien conduit dans le cadre de notre dossier sur les collectifs (à lire dans le numéro 139)

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Greta Koetz, le collectif.

A l’occasion des représentations de ON EST SAUVAGE COMME ON PEUT au Théâtre National à Bruxelles (21.01 > 01.02.2020), nous sommes heureux de publier un entretien avec le Collectif Greta Koetz.

Entretien réalisé dans le cadre d’une enquête sur les collectifs par Alternatives théâtrales. Retrouverez un dossier complet sur ce sujet dans le N° 139 publié en décembre 2019 pour les 40 ans de la revue !

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Oh les beaux jours

Samuel Beckett – Michael Delaunoy

Même sans l’avoir vue en scène, pour beaucoup d’entre nous, Oh les beaux jours a marqué l’imaginaire collectif du théâtre par l’image de Madeleine Renaud souriante tenant son ombrelle, enfouie jusqu’à la taille dans un tas de sable.

Aujourd’hui, grâce à la mise en scène de Michael Delaunoy, c’est la performance d’Anne Claire dans la célèbre pièce de Samuel Beckett qui sera gravée dans nos mémoires. Continuer la lecture « Oh les beaux jours »

La gioia – La joie

de Pippo Delbono

Dans son dernier spectacle, La joie, Pippo Delbono poursuit l’aventure de sa troupe à l’allure fellinienne, hommes et femmes, fracassés de la vie mais qui ont décidé de l’affronter avec une dignité déchirante. Continuer la lecture « La gioia – La joie »

Élisabeth Bam

« Dans la petite maison là-haut sur la colline une lumière déjà veille. Les souris tordent et retordent leurs moustaches. Et sur le poêle, dans sa chemise à col garance, Cafard Cafardovitch est assis, une hache à la main. »

Si l’on convient que l’œuvre de Daniil Harms représente une pointe extrême des écritures poétiques et dramatiques, sorte de Terre de Feu qu’abordent seuls les rêveurs et les intransigeants, artistes de la scène qui ne concèdent rien aux modes des temps, on ne s’étonne guère de voir Claude Merlin s’emparer d’Élisabeth Bam[1], après Alexis Forestier qui avait monté la pièce en 2007[2]. Continuer la lecture « Élisabeth Bam »

Collectif Les compagnons pointent

Le collectif Les Compagnons pointent présente au théâtre des Martyrs L’histoire approximative mais néanmoins touchante et non-écourtée de Boby Lapointe, du 27 novembre au 14 décembre 2019.
Ils ont bien voulu répondre à nos questions dans le cadre d’une enquête sur la création en collectif.

Allan, Axel, Benoît, Valentin et Virgile ou l’Embompoint, le Point final, les Points de suspensions (ou Saoul-fifre), le Point de Vue et le Point-virgule. Cinq acteurs qui se sont d’abord réunis autour de l’oeuvre de Boby Lapointe pour aborder le théâtre de rue. Aujourd’hui, constitué en compagnie, le groupe expérimente la création collective, dans différentes formes scéniques, en rue comme en salle, et prend plaisir à “polychanter” les calembours de la vie. Continuer la lecture « Collectif Les compagnons pointent »