« Un masque ou une marionnette, c’est comme un kayak », seconde conversation entre Michel Laubu et Brigitte Prost.

La semaine dernière nous avons publié un premier entretien suivi d’un Apologue du Maître de la Turaquie. Voici une seconde conversation entre Michel Laubu et Brigitte Prost.

On vous propose de continuer à avancer masqués avec trois textes qui font écho aux Enjeux du masque sur la scène contemporaine.

Michel Laubu : Les objets étaient là. Moi, au départ, je suis plutôt bricoleur. Je m’ennuyais au lycée. Je bricolais des choses et j’ai monté un premier spectacle que j’ai joué en jeune public, dans les écoles. J’avais dix-sept ans. Et en fin de compte, je n’ai jamais fait du théâtre autrement, qu’avec de vieux bouts de trucs et cette poésie de bricoler. Tout part de là.

Brigitte Prost : Comment le masque est-il apparu dans vos créations ?

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Entretien avec Michel Laubu mené par Brigitte Prost dans le cadre de la revue #140 sur les enjeux du masque sur la scène contemporaine.

Cette semaine, on vous propose d’avancer masqués avec trois textes qui font écho aux Enjeux du masque sur la scène contemporaine, numéro d’Alternatives théâtrales paru en mars 2020, par un étrange hasard…

Découvrez aujourd’hui un premier entretien, suivi d’un Apologue du Maître de la Turaquie.

On fait ce qui se passe.

Souvent cela arrive à point nommé.

Michel Laubu

Brigitte Prost : « Michel Laubu », est-ce vraiment votre nom… ? C’est un nom bien explosif…

Michel Laubu : « Laubu » est bien mon nom, ce n’est pas un pseudonyme… Il m’est arrivé d’aller sur des sites de généalogie et ce que j’ai alors rentré comme nom pour moteur de recherche, spontanément, ce n’était pas « Laubu », mais « Turak ». C’est étrange… Comme si « Turak », c’était plus mon nom que « Laubu » aujourd’hui…

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Collectif Clinic Orgasm Society – Entretien complet

Ils étaient en Belgique, au Théâtre Varia puis au Théâtre de Namur en janvier et février 2020, avec Ton joli rouge-gorge.

Ton joli rouge-gorge est une création de la COS ; ce groupe réunissant des personnes de toutes allégeances scéniques et artistiques interroge à travers des œuvres, spectacles et autres « trucs », l’être humain, cherchant à faire jaillir comme un orgasme commun des soubresauts de réflexions. Cette entité libre se cristallise autour de Mathylde Demarez et Ludovic Barth.

Le fonctionnement en collectif a plutôt l’air de se généraliser. C’est une très bonne chose, à l’heure où les réseaux sociaux encouragent le narcissisme. C’est une aventure risquée mais qui vaut la peine.

Cie Clinic Orgasm Society

Voici la version complète de leur entretien conduit dans le cadre de notre dossier sur les collectifs – à lire dans le numéro 139.

QU’EST-CE QUE VOUS FAITES ENSEMBLE ?

Nous essayons d’inventer des formes scéniques qui puissent nous surprendre et nous ravir. Nous partageons un certain goût pour le décalage, l’iconoclaste, l’expérimentation bricolée et ludique. Un esprit de contradiction peut-être aussi. Nous sommes extrêmement différents, mais nous avons réussi à découvrir un territoire artistique où nous pouvions fonctionner de façon complémentaire. Depuis des années nous essayons d’étendre ce territoire, de l’explorer, d’en sonder les limites. Mais comme la vie nous fait évoluer, et l’expérience aussi, ces limites sont mouvantes.

COMMENT VOUS ÊTES-VOUS TROUVÉS ?

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COLLECTIF LES LUCIOLES

Nous vous proposons de lire ici la version intégrale de leur entretien, et de découvrir un extrait dans un dossier complet consacré aux collectifs du N° #139 : Nos Alternatives

« La vie organique du groupe c’est le souffle, l’air… ça entre et ça sort tout le temps, et ça ramène de l’oxygène et des vents nouveaux. »

Réponse d’un membre des Lucioles, lorsqu’en fin d’année 2019, on leur a demandé de parler de la vie organique du groupe.

Prochain spectacle prévu en mai (espérons-le !) : HARLEM QUARTET et LE BONHEUR (n’est pas toujours drôle)

(par ordre chronologique de réponses)

Que faites-vous ensemble ?

Philippe Marteau

Le collectif permet avant tout de se lancer. Comme un défi irrépressible, d’abord à soi-même et ensuite à l’ensemble : « j’ai envie d’essayer quelque chose avec ce texte, cet auteur. »

Et dans un premier temps, à la marge des institutions, sans disposer toujours de beaucoup de moyens, il est possible de faire exister un nouvel objet. Cela donne de l’encouragement et de la confiance. Et souvent ça marche!  Au-delà de nos espérances. Et c’est ça qui est beau.

Nous nous connaissons depuis 1991 et le regard que nous portons les uns sur les autres est nécessairement profond et complexe.

Il nous arrive parfois de ne pas être d’accord avec ce que fait l’autre. Nous agissons comme une démocratie, rarement avec des votes, mais le plus souvent empiriquement, toujours favorables au développement des projets.

La politique n’est pas au cœur de nos discussions, c’est ce qui se raconte, ce qui se fabrique dans les spectacles qui peut être politique, sociétal. Mais il s’agit principalement de trouver une réponse poétique.

Nous avons été influencés, en plus de nos expériences personnelles, par des maîtres qui la plupart du temps venaient enseigner à l’école du TNB (Matthias Langhoff, Claude Régy, le Théâtre du Radeau, des gens moins reconnus et des acteurs- actrices bien sûr aussi…) et avec le temps le cercle s’est élargi, allant du cinéma au champ littéraire, et plus particulièrement contemporain.

Le collectif permet surtout de prendre son temps, le développement personnel de chacun est primordial. C’est un accompagnement dans la durée, comme une épaule solide.

L’énergie circule. De nouvelles personnes entrent dans le groupe. Des amitiés fidèles se nouent. Des passions se font et se défont. Comme une famille.

C’est toujours aujourd’hui une forme de résistance.

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L’entretien du Collectif F71 – Version intégrale

La comédienne Sara Louis joue dans Lettres jamais écrites du 9 au 11 mars 2020 aux Gémeaux. Elle est par ailleurs membre du collectif F71, qui réunit depuis 2004, cinq comédiennes, metteures en scène, auteures : Stéphanie Farison, Emmanuelle Lafon, Sara Louis, Lucie Nicolas, Sabrina Baldassarra un temps puis Lucie Valon, accompagnées par Gwendoline Langlois, administratrice de production.

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Quand la danse s’adresse aux arts visuels : points de mire et lignes de fuite

« Soyez les bienvenu.e.s à la rencontre d’Alternatives Théâtrales consacrée aux arts scéniques et plastiques, qui se déroulera au CENTQUATRE-PARIS le 26/02/20.

Invitation ici !

A cette occasion, nous sommes heureux de publier la version intégrale d’un texte de Cécile Schenck, Quand la danse s’adresse aux arts visuels : points de mire et lignes de fuite. Vous en trouverez une version plus courte dans le N° 138.

 

Où en est-on, un siècle et demi après la révolution scénique pensée et partiellement réalisée par Richard Wagner, de la théorie du Gesamtkunstwerk qui donnerait à chaque discipline sa juste place dans “la ronde des arts” ? Si la hiérarchie wagnérienne n’est plus à l’ordre du jour depuis longtemps, contestée dès les années 1920 par la vision démocratique d’un compagnonnage égalitaire de la musique, de la peinture, du livret et de la chorégraphie orchestrée par Serge Diaghilev et Rolf de Maré au sein des Ballets russes (1909-1929) et des Ballets suédois (1920-1925), c’est tout de même au compositeur allemand que la danse moderne doit d’avoir conquis — tardivement — ses lettres de noblesse, et qu’elle a pu revendiquer, à ce titre, un droit à l’indépendance l’autorisant paradoxalement à se passer du secours de ses “arts-frères”. Pouvoir danser en silence, sans décor ni costumes somptueux, voilà qui affranchit, au tournant du XXe siècle, les premières “danseuses libres” de toute tutelle étrangère, et recentre l’attention du public sur l’essence même du geste. Mais nouveau paradoxe, Isadora Duncan, qui n’utilisait, en guise de toile de fond, qu’un modeste rideau bleu et pour tout costume, qu’une tunique légère inspirée du chiton grec, a suscité chez les peintres, sculpteurs, et dessinateurs de son temps un engouement nonpareil. Même constat pour Loïe Fuller, dont les savantes architectures lumineuses offraient aux yeux d’un public médusé le spectacle d’un art proprement immatériel, qui fera dire à Mallarmé : « Le décor gît, latent dans l’orchestre, trésor des imaginations[1] ».

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L’homme actant

A l’occasion de la programmation du spectacle musical Les Aveugles, (Maurice Maeterlinck, Josse De Pauw, Jan Kuijken, Collegium Vocale Gent), au Théâtre National de Bruxelles du 13 au 17/11/19, nous vous proposons de lire ou relire le portrait de Josse de Pauw par EVELYNE COUSSENS.

Josse De Pauw (°1952) est un acteur. Ce n’est pas seulement l’acteur le plus demandé de la scène flamande. C’est surtout un homme actant : un homme qui cherche toujours à explorer, rechercher, transposer et interroger.

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Bats abat ses cartes

Isabelle Bats est l’une des curiosités les plus singulières du paysage artistique wallono-bruxellois – où l’on érige volontiers la singularité en valeur première.

Cette fille (ou girl) de Charleroi aurait pourtant pu finir comme tant d’autres : sage metteure en scène livrant son honnête travail trois fois par an, ou autrice dramatique un peu didactique. Continuer la lecture « Bats abat ses cartes »

Le théâtre japonais au prisme des notions de « public » et de « privé »

Le caractère « public » du théâtre peut sembler évident aujourd’hui en France, voire en Europe occidentale, dont le paysage théâtral est dominé par le secteur public, même si le théâtre public est sans cesse remis en cause.

Ce n’est pas tout à fait le cas au Japon, où le théâtre n’a presque jamais constitué une « chose publique » ni n’a été pensé en ces termes. Aborder le théâtre japonais à la lumière des notions de « public » et de « privé », permettra de mieux comprendre ce que le théâtre japonais partage avec le théâtre français et en quoi ils se différencient l’un de l’autre. Continuer la lecture « Le théâtre japonais au prisme des notions de « public » et de « privé » »

Le legs de l’écrit

À l’occasion de la parution du #135 « Philoscène, La philosophie à l’épreuve du plateau », nous publions un extrait de la préface de Georges Banu, « Le legs de l’écrit », in « Antoine Vitez, Le théâtre des idées », Éditions Gallimard.

Le théâtre des idées – geste éditorial accompli, il y a vingt-quatre ans, dans l’urgence de la disparition brutale d’Antoine Vitez. Continuer la lecture « Le legs de l’écrit »