Frustrations et claustrations : l’enfermement comme sillon. À propos du théâtre d’Anne-Cécile Vandalem.

«Tristesses» est à l’affiche à l’Odéon, Théâtre de l’Europe (Paris). Extrait du dossier paru dans le #129 «Scènes de femmes, Écrire et créer au féminin», juillet 2016.

Tout a commencé par un confinement. L’intérieur domestique se faisait le réceptacle des échappatoires qu’un couple à bout de ressources pouvait chercher au huis clos de ses angoisses et de ses dissimulations : les projections factices d’un écran télévisé et de ses émissions de télé-réalité. Continuer la lecture « Frustrations et claustrations : l’enfermement comme sillon. À propos du théâtre d’Anne-Cécile Vandalem. »

La mort comme question

La Cie 14:20 reprend «Wade In The Water» du 3 au 13 mai 2018 au Théâtre du Rond-Point.

Voyage énigmatique vers la fin, traversée du désespoir jusqu’à l’acceptation ? Arrachement par une force invisible à l’existence humaine, « lévitation lunaire » ? – comme le suggérait un article du Monde paru en décembre 2016… Wade in the water, dernière création de la compagnie 14:20, mêle comme à l’accoutumée de nombreux langages visuels pour étayer ses propos sur scène. Continuer la lecture « La mort comme question »

De «La Démangeaison» à «La Mélancolie», l’expérience du Vivarium Théâtre

Reprise de « la Mélancolie des Dragons » et de « l’Effet de Serge », de Philippe Quesne, à Nanterre-Amandiers, en janvier dernier.

En 2018, Nanterre-Amandiers célèbre l’anniversaire des dix ans de L’Effet de Serge (2007) et de La Mélancolie des Dragons (2008), deux spectacles pensés en diptyque, qui ont tracé les lignes de force du Vivarium Studio. L’occasion de republier cet article paru initialement dans le #98 Créer et transmettre.
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Un cirque qui parle de soi

À propos de « Grande » de Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel, bientôt aux Halles de Schaerbeek.

Révélés en 2012 avec De nos jours au sein du collectif Ivan Mosjoukine, Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel poursuivent leurs explorations avec GRANDE- : un condensé haletant de dix ans de recherche autour du cirque et de la parole, assaisonné d’un goût pour le spectacle à compléter. Continuer la lecture « Un cirque qui parle de soi »

Apprendre à perdre, gagner en puissance

Tiré d’un entretien avec Anne-Cécile Vandalem réalisé par Selma Alaoui en mai 2016.

À l’occasion de la nouvelle création d’Anne-Cécile Vandalem, Arctique, au Théâtre National (Bruxelles), nous publions ici un extrait de l’article que Selma Alaoui lui consacrait, paru dans le #129 Scènes de femmes, écrire et créer au féminin. Continuer la lecture « Apprendre à perdre, gagner en puissance »

Un Ruzzante avec bestiaux

Entretien avec Jacques Lassalle réalisé par Yannic Mancel paru dans le #88 « Les Liaisons singulières », 2006.

YM: Parmi les quelques acteurs que, tout au long de votre carrière de metteur en scène, vous avez retrouvés dans des rôles – je pense à Jean Dautremnay ou Andrzej Seweryn – c’est Olivier Perrier que vous avez choisi pour cet entretien. Pourquoi ? Continuer la lecture « Un Ruzzante avec bestiaux »

« Se souvenir de l’avenir »

En hommage à Jack Ralite, disparu le week-end dernier, nous publions ici un texte qu’il avait signé dans nos colonnes en juillet 2013.

À propos des années 1966 – 1967 du festival d’Avignon

par Jack Ralite

C’était le 3 août 1966, dans la Chambre des Notaires juste au-dessus de l’entrée de la Cour d’Honneur du Palais des Papes où Jean Vilar fonda en 1947 le Festival d’Avignon qui dure toujours.

Dans cette Chambre des Notaires, modeste de superficie, pendant cinq jours, de 10h à 13h, en présence de Vilar, une quinzaine de personnes concernées par le théâtre et ses créations se sont retrouvées derrière une table en fer à cheval. Pilotés par Michel de Beauvais, ils « disputèrent de culture » et de l’art du théâtre. Dans le U de la table, deux ou trois douzaines de passionnés de la scène prenaient des notes. Continuer la lecture « « Se souvenir de l’avenir » »

Ascanio Celestini, subjectif, indirect, libre

À l’occasion de la reprise de Discours à la Nation de David Murgia et Ascanio Celestini au Théâtre National, nous reprenons ici un extrait de ce texte paru dans le #120 « Les théâtres de l’émotion ».

La langue utilisée par Celestini, un italien régional romain, est l’expression de son identité personnelle mais c’est aussi la voix d’une communauté. En Belgique, il est « traduit » en direct par Patrick Bebi. Ensemble, ils ont développé une façon unique de faire passer d’une langue à l’autre, en direct, un texte. Ses spectacles en partie improvisés ne peuvent se plier aux surtitrages :

« Je  n’apprends pas un texte par cœur, je me le remémore à chaque fois. Je le raconte avec mes mots à moi. Je les dis avec ma voix, mon corps, ma barbe. » Continuer la lecture « Ascanio Celestini, subjectif, indirect, libre »

Entretien avec Marguerite Duras (2/2)

En 1983, dans les pages du numéro 14 d’Alternatives théâtrales, Jacqueline Aubenas s’entretenait avec Marguerite Duras. À l’occasion de la création du spectacle « La Musica Deuxième » au Théâtre Océan Nord (mise en scène Guillemette Laurent), nous publions cette archive en deux parties.

J. A. : Vous mettez à nu le cinéma, l’amour, la méchanceté.

M. D. : Je ne les accuse plus. Je permets de les admettre. Voir est déjà intolérable, dur. Alors, le dire ! Continuer la lecture « Entretien avec Marguerite Duras (2/2) »

Entretien avec Marguerite Duras (1/2)

En 1983, à l’occasion du numéro 14 d’Alternatives théâtrales, Jacqueline Aubenas s’entretenait avec Marguerite Duras. À l’occasion de la création du spectacle « La Musica Deuxième » au Théâtre Océan Nord (mise en scène Guillemette Laurent), nous publions cette archive en deux parties.

C’était à Bruxelles. en mars 81. Jacques Ledoux et la Cinémathèque royale de Belgique avaient organisé une rétrospective des films de Marguerite Duras. En sa présence. Elle est venue avec Yann Andréa. Elle est descendue à l’Astoria, rue Royale. Une fin d’après-midi, entre deux films, nous avons parlé. Dans l’atmosphère feutrée du hall et du bar. Dans ce climat ouaté des hôtels de qualité, un peu viscontiens. Des familles silencieuses et bien élevées s’attardaient après les agapes du déjeuner. Des petites filles qui s’ennuyaient d’être trop sages trop longtemps couraient entre les tables sans oser faire du bruit. L’une d’elles a monté ses gammes. D’une manière maladroite et grêle. Nous l’avons regardée et elle est partie, confuse, aussi rose que sa robe. Nous avons commandé du « blanc de blanc » bien frais. Il y avait des fleurs et des maîtres d’hôtel. Le lieu était devenu quelque chose qui ressemblait à Marguerite Duras. À ce qu’elle écrit et dit, transformé par l’alchimie d’une présence. Continuer la lecture « Entretien avec Marguerite Duras (1/2) »