On ne peut réduire le sexisme aux seuls actes d’intimidation sexuelle. Prenez le monde de la danse: de l’éternel retour de la nymphette sur nos scènes, aux abus de pouvoir en coulisse et à la nudité banalisée dans les auditions, les danseuses ont des choses à dire sur les répercussions d’une réalité professionnelle qui favorise et profite de limites peu claires. Continuer la lecture « #Wetoo: Quand les danseuses parlent de sexisme »
Catégorie : Invitations
Aristophane dans les banlieues
Comment faire aimer les classiques aux adolescents avec la non – école, par Marco Martinelli. (Extraits.)
Pas une « mise en scène » mais une « mise en vie »
Enseigner le théâtre ? Mais le théâtre ne s’enseigne pas. Nous n’avions jamais vraiment aimé les « laboratoires ». Ermanna avait bien sûr tiré bénéfice de certaines rencontres avec des maîtres comme Jerzy Grotowski ou le Roy Hart Theatre, mais en général nous n’étions pas des praticiens de laboratoires, contrairement à la plupart de nos contemporains : certains d’entre eux en avaient à peine terminé un qu’ils s’inscrivaient déjà à un autre, pour beaucoup c’était une drogue. Continuer la lecture « Aristophane dans les banlieues »
Mondialité sur les plateaux
Suite de notre série consacrée aux défis de la diversité culturelle dans le cadre du #133: entretien avec Hortense Archambault, directrice de la MC 93 à Bobigny, réalisé par Sylvie Martin-Lahmani
S. M-L : Il est d’usage aujourd’hui de critiquer les théâtres publics au motif de leur incapacité à intégrer la diversité culturelle de nos sociétés multiculturelles ? Existe-t-il, selon toi, un problème spécifique d’accès des artistes issus de l’immigration aux scènes européennes ?
H. A. : Une chose est sûre, la diversité des artistes issus de l’immigration ne se retrouve pas sur la plupart des plateaux. Il y a plutôt des scènes « spécialisées », en France on s’intéresse beaucoup à la francophonie. Continuer la lecture « Mondialité sur les plateaux »
Faire reculer les frontières mentales
Suite de notre série consacrée aux défis de la diversité culturelle dans le cadre du #133 : les propos de Denis Mpunga, auteur, acteur et metteur en scène.
La diversité culturelle n’est pas quelque chose qui se trouve en dehors de moi, mais quelque chose que je vis depuis ma tendre enfance, ayant des parents qui ne parlaient pas la même langue. Si la diversité fait partie de mon « génotype » culturel, mon « phénotype » est la recherche d’une certaine universalité dans le langage artistique. Continuer la lecture « Faire reculer les frontières mentales »
Ce fluide impondérable : l’humain
Entretien avec Asmaa Houri par Marjorie Bertin
Avec le spectacle Kharif («Automne», en arabe) présenté au Festival des arts de la scène de Tanger, la metteuse en scène marocaine Asmaa Houri signe une création intime et pudique sur le cancer du sein, où se mêlent théâtre, danse et musique.
Marjorie Bertin : Kharif a été écrit à partir d’un texte en partie autobiographique…
Asmaa Houri : C’est une fiction qui s’inspire d’une histoire vraie et de souffrances réelles. De nombreuses femmes atteintes du cancer, au Maroc, sont délaissées par leurs maris et leurs proches dont beaucoup ont tendance à penser, à tort bien sûr, que la maladie risque d’être contagieuse. Continuer la lecture « Ce fluide impondérable : l’humain »
Un second souffle plein d’espoir
Suite de notre série consacrée aux défis de la diversité culturelle dans le cadre du #133 : entretien avec Serge Kakudji réalisé par Laurence Van Goethem
LVG : Que revêtent selon toi ces termes de « diversité culturelle » devenus usage courant au sein des institutions culturelles et comment définirais-tu ton travail de création artistique envisagé à l’aune de la « diversité culturelle » ?
SK : C’est mon cheval de bataille. Je souhaite amener l’émotion à l’endroit de universel. En ce moment, je reprends la tournée du Stabat Mater de Vivaldi ; j’ai voulu que cette œuvre soit réarrangée pour violoncelle et accordéon. Pour moi, l’accordéon est un instrument populaire, que tout le monde connaît. J’aime ces genres hybrides. La diversité commence là : un opéra avec un accordéon ! Je travaille pour que le public ressente une bulle d’émotion. Je le dis avec humilité. J’essaie d’être le plus vrai possible. Tout cela demande beaucoup de technique, ce n’est pas simple. Continuer la lecture « Un second souffle plein d’espoir «
Regarder la société par le prisme de la citoyenneté
Suite de notre série consacrée aux défis de la diversité culturelle dans le cadre du #133:
Entretien avec Sam Touzani réalisé par Laurence Van Goethem
LVG : Qu’est-ce que le mot « diversité » évoque pour toi ?
ST : Je n’ai pas choisi la diversité, c’est la diversité qui m’a choisi. Il faut dépasser le cadre politique pour véritablement parler de la diversité. Au risque de choquer, à la diversité je préfère l’égalité. Continuer la lecture « Regarder la société par le prisme de la citoyenneté »
Malgré les mesures et la loi, comme un sentiment d’Handiscrimination. Le milieu théâtral en question.
Avoir un travail rémunéré, être respecté pour sa personne, ses diplômes ou son parcours… Voilà une forme de normalité. Mais dans le domaine du théâtre, ce n’est pas toujours le cas, en particulier quand le handicap entre en jeu.
Ostracisme, diffamation, abus de faiblesse, discrimination… Quelque chose ne tourne pas rond au Royaume du Théâtre et il est temps de le faire savoir. Haccusons…
Résister aux assignations – Entretien avec Karim Bel Kacem
Suite de notre série consacrée aux défis de la diversité culturelle (en préambule à la sortie prochaine du #133) : Entretien avec Karim Bel Kacem, auteur et metteur en scène.
L’entretien a eu lieu à Genève, à l’issue des premières représentations du spectacle 23 rue Couperin, créé en mai 2017 au théâtre Saint-Gervais. Le spectacle, présenté comme « point de vue d’un pigeon sur l’architecture » offre un regard fragmentaire et surplombant, sur une des barres d’immeuble du « pigeonnier d’Amiens » dans laquelle Karim Bel Kacem a vécu jusqu’à ses dix-sept ans. Chacune des barres d’immeubles du pigeonnier ayant pour nom un grand compositeur de musique classique, Karim Bel Kacem invente une surface de rencontre improbable entre les airs des grands maîtres dont « les sublimes Leçons de ténèbres composées par Couperin » (interprétés par l’ensemble Ictus), et la mise en scène « d’une jeunesse laissée à son sort à l’ombre du bitume et de la grande musique », pour expérimenter ce que cette confrontation peut nous apprendre.
Comment définiriez-vous votre travail de création artistique, envisagé à l’aune de la « diversité culturelle » ? Et que revêt selon vous ce terme devenu d’usage courant au sein des institutions culturelles ?
J’ai le sentiment qu’en tant qu’artiste, cette question de la « diversité culturelle » ne me concerne pas vraiment. Je ne m’envisage pas comme faisant partie d’un « groupe d’artiste » ni en terme d’âge, ni en terme d’origine sociale, ni en terme d’origine tout court. Cette question me concerne en tant que citoyen, mais pas dans mon travail de création. Continuer la lecture « Résister aux assignations – Entretien avec Karim Bel Kacem »
« Identité(s) au pluriel » (entretien avec Hocine Chabira)
Suite de notre série consacrée aux défis de la diversité culturelle (en préambule à la sortie prochaine du #133) : entretien avec Hocine Chabira, directeur du festival « Passages » (Metz)
OBSTACLES
Il est d’usage aujourd’hui de critiquer les théâtres publics au motif de leur incapacité à intégrer la diversité culturelle de nos sociétés multiculturelles ? Existe-t-il, selon vous, un problème spécifique d’accès des artistes issus de l’immigration aux scènes européennes ?
C’est évident ! J’ai souvent entendu de la part d’artistes issus de l’immigration leur difficulté à sortir de rôles assignés en fonction de leur origine. La couleur de peau ou l’origine ne devrait pas être un critère de sélection lors des castings.
Comment se traduit l’injonction contradictoire des pouvoirs publics sur ce qui est devenu un enjeu politique d’affichage et de visibilité, tout en soulevant des débats de fond au sein d’une société marquée par la fracture coloniale ?
Et pourtant cette « injonction » est assez timide en France. On parle davantage d’identité nationale que de multiculturalisme. On n’en a pas fini avec notre histoire coloniale et en même temps comment dépasser cela quand notre société est malheureusement toujours imprégnée de relents postcoloniaux à tous les niveaux ?
Il semble que le théâtre soit à la traine d’une tendance à la diversification des artistes sensible en particulier dans la danse ou la musique, et à plus forte raison dans l’audiovisuel, depuis des années ? Pourquoi une telle résistance ou réticence ?
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