Éthique de la sollicitude

À propos de « Take Care » de Noémie Carcaud au Théâtre de la Vie

Le théâtre de la Vie est le seul théâtre à Bruxelles où l’on ne se sent pas (trop) gênés d’arriver trempés de bruine automnale, de s’asseoir dans les gradins l’imperméable roulé en boule aux pieds, élastiques de vélo fluo aux chevilles et, pourquoi pas, bébé sous le coude, comme, ce soir-là, un couple à côté de moi. Continuer la lecture « Éthique de la sollicitude »

À la confluence de la science, de l’art et du théâtre

Christian Jade s’entretient avec Isabelle Dumont au sujet de ses « Cabinets de curiosités ». 

Le Théâtre La Balsamine a offert récemment (du 13 au 29 octobre) à Isabelle Dumont un espace pour  un « focus curiosus ». Elle a pu y déployer deux « cabinets de curiosités » récents consacrés au règne animal (Animalia) et végétal (Hortus minor). Et un nouveau, dédié aux minéraux (Mineralia). Une aventure commencée, en 2006, au hasard d’une commande du KFDA (Kunstenfestivaldesarts), par un « petit salon baroque ». Et qui s’est poursuivie par une demande du musée de zoologie de l’Université Libre de Bruxelles, puis par la volonté d’Isabelle d’aller jusqu’au bout de sa logique d’exploration de l’univers (outre la diffusion occasionnelle, par un théâtre ou un festival, Isabelle diffuse ses «cabinets» dans des appartements privés, pour publics de 20 à 30 personnes). Continuer la lecture « À la confluence de la science, de l’art et du théâtre »

Ton chaudron, Lazare…

Après avoir vu son « Calderón » de Pasolini au Rideau de Bruxelles, Antoine Laubin écrit au metteur en scène Lazare Gousseau.

Salut Lazare Gousseau,

Hier soir, je me suis pris ton Calderón sur la tronche. Pas une petite affaire que cette affaire-là !
De tous les metteurs en scène de ma génération en activité à Bruxelles, tu es sans doute le plus redoutable dialecticien. Alors, après quelques heures d’atermoiements, je me dis que la forme épistolaire constitue peut-être la bonne manière de rendre compte de ton impressionnant spectacle, présenté en ce moment au Rideau. Tu me répondras ?

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Éloge de la marge, recherche du rythme scénique

Selma Alaoui adapte Apocalypse Bébé de Virginie Despentes. Entretien réalisé par Christian Jade.

Selma Alaoui, une des têtes chercheuses de la scène belge francophone, poursuit de front l’exploration d’un monde marginal, où les familles explosent, et la quête de formes nouvelles pour accompagner et traduire ces désarrois. Même quand il lui arrive, à ses débuts (2007), de mettre en scène une œuvre « théâtrale », comme Anticlimax de Werner Schwab, sa forme « classique » est déjà menacée et la famille en état de décomposition. Comme si elle menait de front un même combat : explorer une famille et un monde dé-composés et reconstruire le théâtre comme un chantier ouvert, festif et mélancolique à la fois, avec les matériaux les plus variés. Dans I would prefer not to (2011) elle convoquait Bartleby d’Herman Melville et La Mère de Witkiewicz en un savant «collage» qui attaquait et la société et la cellule familiale. Dans L’Amour la guerre (2013), l’ombre de Shakespeare, patron de la relation familiale tordue et des rapports de force sanglants, planait pour décrire un père futile et une fille mélancolique.  Continuer la lecture « Éloge de la marge, recherche du rythme scénique »

La Convivialité, valeur ajoutée

Quand on connait la grammaire critique (et iconoclaste !) de Marc Wilmet, éminent linguiste, qui a donné sans conteste l’un des cours les plus intéressants du cursus en Langues et littératures romanes de l’ULB (Université Libre de Bruxelles), on ne peut rater La Convivialité, spectacle dont le visuel est un marteau, à l’image des règles orthographiques martelées depuis la tendre enfance (Viens mon chou, mon bijou, mon joujou, sur mes genoux, et jette des cailloux…). Continuer la lecture « La Convivialité, valeur ajoutée »

Lancement du #130 Ancrage dans le réel

La 14 octobre 2016 de 17h à 19h à La Bellone.

En présence de Jean-Louis Colinet, une partie de l’équipe éditoriale de la revue et la réalisatrice Blandine Armand, qui prépare un film documentaire sur Joël Pommerat (diffusion sur Arte en juillet 2017). Des extraits filmés de répétitions sur la dernière création de Joël Pommerat, Ça ira (1) Fin de Louis seront projetés.

Suivi du verre de l’amitié.
 Entrée libre.

À propos de Christiane Jatahy

Après Julia et What if They Went to Moscow, Christiane Jatahy propose une troisième partie à son triptyque, très librement adaptée de Macbeth. Une performance où réalité et fiction s’entremêlent en jouant sur différentes temporalités. Continuer la lecture « À propos de Christiane Jatahy »

« L’inquiétante étrangeté » (1) de la marionnette

Réunis pour parler du trouble (et de la fascination corollaire) suscité par la cohorte des poupées, j’ai souhaité m’attarder sur leurs apparences extérieures. « Animé-inanimé, créer le trouble » étant l’angle d’attaque du débat proposé par THEMAA lors du Festival d’Avignon 2016, il y avait fort à dire sur les techniques de jeu par délégation propres au genre. Présents à cette rencontre, les marionnettistes Bérangère Vantusso, cie trois-six-trente, Phia Ménard, cie Non Nova, Renaud Herbin, directeur du TJP CDN d’Alsace-Strasbourg et Jonathan Capdevielle, ainsi que Didier Plassard, professeur en études théâtrales à l’Université Paul-Valéry de Montpellier, ont d’ailleurs fort bien évoqué l’étrangeté du « donner vie et prêter voix à un corps étranger ». Continuer la lecture « « L’inquiétante étrangeté » (1) de la marionnette »

À propos de « Chaque jour un peu plus »

Entretien avec Mahin Sadri et Afsaneh Mâhian, réalisé par Sylvie Martin-Lahmani (traduction : Maryam Karroubi)

Dans l’espace confiné d’une cuisine, trois femmes font le récit de leurs vies. Mahraz est veuve de guerre d’un héros national, Shola, la maîtresse (jugée indigne) d’un footballeur connu. Leyla, pourtant élevée dans la tradition, s’est affranchie en découvrant l’alpinisme. En s’intéressant aux parcours intimes de ces trois femmes iraniennes – qui ont vraiment existé – l’auteure Mahin SADRI et la metteuse en scène Afsaneh MÂHIAN balaient environ trente ans d’Histoire persane (1981-2013). Quoiqu’absents du plateau, les hommes, dont ces femmes parlent tant, semblent omniprésents.

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