« C’est pour ça que j’aime ce pays ! » David Marton prononce cette phrase en nous rejoignant sur l’esplanade de l’Opéra d’Anvers, où il répète Dido and Aeneas. Il pointe du doigt un building type années 70 qui semble avoir poussé pendant la nuit et défier l’architecture néo-baroque de l’institution flamande. Lorsqu’on lui a proposé d’écrire son portrait dans le cadre de ce numéro consacré à l’écologie, le metteur en scène en a été le premier surpris : « C’est drôle que vous me considériez comme une voix de l’écologie ! Ça ne me serait jamais venu à l’idée ! » Il est vrai qu’au contraire d’autres artistes comme Jérôme Bel, David Marton n’a jamais revendiqué une conscience écologique : « Je ne vais pas me prendre pour un super-héros sous prétexte que je ne prends pas l’avion. » L’écologie n’est pas le sujet de ses spectacles, à la différence d’un Philippe Quesne et de son récent Farm Fatale, où une bande d’épouvantails entre en résistance contre le capitalisme dérégulé qui ravage les forêts, les terres et les océans. Aussi, poser la question de l’écologie à travers l’exemple de David Marton, c’est d’abord s’intéresser à l’invisible, aux coulisses de la création, aux pensées et aux pratiques qui ne sont pas portées en scène mais qui influencent la production artistique.
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Aurore Aubouin et Simon Hatab
Aurore Aubouin est responsable de production artistique à La Monnaie (Bruxelles) et consultante en management culturel.
Simon Hatab est dramaturge au théâtre et à l’opéra.
Europe Écologie Les Verts au risque de l’opéra
En février dernier, France Culture consacrait un numéro de son émission hebdomadaire Soft Power à la politique culturelle menée à Grenoble sous le mandat d’Éric Piolle. L’émission – titrée La Vague verte des maires écologistes est-elle aussi une vague culturelle ? – se présentait comme un portrait à charge : le maire y était notamment accusé de rompre avec les politiques culturelles héritées de Malraux et de Lang, de gouverner sans concertation avec les partenaires culturels, de se replier sur une forme de localisme, de jouer les pratiques amateurs contre les institutions et d’avoir nommé une adjointe aux cultures ignorante des dossiers. Complétée sur le site de France Culture par un article du journaliste Frédéric Martel, cette émission a mis le feu aux poudres et déclenché une vive polémique à propos de la politique culturelle d’Europe Écologie Les Verts. En mars, cette polémique s’est étendue au monde lyrique, lorsque la mairie EELV de Lyon a pris la décision de diminuer de 500 000 euros la subvention annuelle allouée à son opéra national. En avril, la nouvelle équipe municipale de Bordeaux – toujours EELV – a mis en place une campagne d’affichage dans le cadre de son Forum de la Culture. Deux affiches – arborant les questions Artiste, c’est un métier ? et La culture, ça coûte trop cher ? – ont été reprises sur les réseaux sociaux et perçues comme un coup de poignard par un milieu culturel précarisé par un an de crise sanitaire.
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