Il faut savoir regarder différemment cette problématique, différemment puisque selon les champs artistiques et les territoires, les situations divergent profondément.
De fait, le théâtre reste très fermé à des metteurs et metteuses en scène, comédiennes et comédiens divers. Mais la danse, le cirque et la musique ont une toute autre histoire.
La danse contemporaine et le cirque, parce qu’ils sont par essence internationaux, moins tributaires d’une culture et d’une langue, plus proches des corps et de la nécessaire diversité artistique des corps (en totale opposition à la danse classique sur ce sujet).
Ce qui empêche le théâtre d’avancer, c’est son rapport à une culture ancienne, culture de textes, où la diversité n’était pas représentée.
Ce que font aujourd’hui certains théâtres (formations) et écoles va exactement dans la bonne voie. Il est nécessaire de s’attaquer au problème dès l’origine, dès la formation.
Du côté des territoires, il suffit d’aller voir les territoires ultramarins, pour découvrir que cette diversité est à l’œuvre depuis longtemps. Sa création souffre justement d’une non visibilité en métropole, mais la prise de conscience des métropolitains de la nécessaire ouverture à la diversité ne va-t-elle pas permettre aux créations ultra marines d’être enfin visibles ?
La discrimination positive me semble totalement indispensable. On a vu comme la parité a du mal à se mettre en place et comme il est nécessaire, encore et encore, d’interroger les directeurs de structure sur leur programmation, les artistes associés, pour leur rappeler qu’il existe aussi des femmes artistes et qu’il serait bienvenu qu’elles apparaissent dans les programmations. Cela vient très doucement.
Le même travail doit être fait en ce qui concerne la diversité des origines.
Propos recueillis par Sylvie Martin-Lahmani et Martial Poirson.
Plusieurs des entretiens menés sur cette thématique sont disponible en libre accès sur notre site.