Lettres persanes et scènes d’Iran

C’était le 16 juin dernier à La Bellone : le lancement du #132 d’Alternatives théâtrales.

Leyli Daryoush (dramaturge, chercheuse, autrice et membre du comité de rédaction d’Alternatives théâtrales), Maryam Karroubi (directrice artistique d’Artistan) et Amin Zamani (chercheur, doctorant en Arts du Spectacle à l’Université Libre de Bruxelles) se sont entretenus avec Sylvie Martin-Lahmani (codirectrice de publication d’Alternatives théâtrales) et les spectateurs présents à La Bellone.

Alternatives théâtrales #132 Lettres persanes et scènes d'Iran est disponible dans les bonnes librairies et sur notre site132

D’imperceptibles voix

Entretien avec Azade Shahmiri à propos de « Voicelessness », Kunstenfestivaldesarts 2017.

Une scène sobre partagée en deux par un grand écran sur lequel des images de montagnes enneigées sont projetées ; deux femmes, mère et fille, de chaque côté, dialoguent, essayant de reconstituer un crime qui a entraîné la mort du père. Elles cheminent virtuellement, l’une étant dans le coma (la mère), l’autre cherchant des réponses dans le passé pour pouvoir vivre le présent et appréhender le futur. Pouvoir vivre pour l’une, pouvoir mourir pour l’autre. Leurs voix se font écho dans un jeu de miroir entrainant le spectateur dans leurs projections mentales et dans leur désir d’entendre la voix de l’absent, de la vérité, de la mort. Silence et résonances. Continuer la lecture « D’imperceptibles voix »

Le doux pour le dur

Kunstenfestivaldesarts 17, semaine 1.

Croiser un Syrien dans la rue à Bruxelles n’entraîne aucune réaction particulière. Nous ignorons la nationalité des personnes qui nous entourent ; la multiculturalité de nos rues est un habitus. A contrario, regarder entrer en scène un danseur syrien dont on connaît la nationalité rappelle instantanément qu’il existe au théâtre plusieurs qualités de silence. Celui qui règne dans la Goudenzaal du Beurschouwburg ce soir est d’une intensité palpable. Chaque geste, chaque pas est scruté avec une attention rare par l’audience faisant corps, comme si chaque geste, chaque pas, était capable de dire enfin, mieux que tout autre canal d’information, le vrai de la guerre et de l’exil. Aucun mot et presque pas de musique ; de la précision, des regards choisis, du tact. Une atmosphère cotonneuse malgré les bottes qui s’autonomisent et les drapeaux blancs qui en disent long. Pas besoin d’agresser la salle pour évoquer le vrai de l’horreur, en somme. Continuer la lecture « Le doux pour le dur »

À propos de « Chaque jour un peu plus »

Entretien avec Mahin Sadri et Afsaneh Mâhian, réalisé par Sylvie Martin-Lahmani (traduction : Maryam Karroubi)

Dans l’espace confiné d’une cuisine, trois femmes font le récit de leurs vies. Mahraz est veuve de guerre d’un héros national, Shola, la maîtresse (jugée indigne) d’un footballeur connu. Leyla, pourtant élevée dans la tradition, s’est affranchie en découvrant l’alpinisme. En s’intéressant aux parcours intimes de ces trois femmes iraniennes – qui ont vraiment existé – l’auteure Mahin SADRI et la metteuse en scène Afsaneh MÂHIAN balaient environ trente ans d’Histoire persane (1981-2013). Quoiqu’absents du plateau, les hommes, dont ces femmes parlent tant, semblent omniprésents.

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