Fiction politique inspirée d’une matière historique apparemment dénuée de l’inquiétante étrangeté qui caractérisait jusqu’ici les spectacles de la Compagnie Louis Brouillard, Ça ira (1) Fin de Louis pourrait laisser penser à une rupture dans le parcours de Joël Pommerat. Sans entrer ici dans les débats interprétatifs qu’elle suscite, j’aimerais souligner la singularité de certains choix dramaturgiques tout en montrant comment cette nouvelle création s’inscrit dans une continuité de questionnements esthétiques et thématiques. Par rapport aux grands cycles de l’œuvre (les premières pièces énigmatiques, riches en expérimentations spatio-temporelles, le tournant de la trilogie Au monde, D’une seule main, Les Marchands (2004-2006) plus engagée dans la réalité sociale, et la « bascule » de Cercles/Fictions (2010) qui accentue une veine d’écriture réaliste et humoristique débutée en 2008 avec Je tremble (1 et 2) et Pinocchio), Ça ira (1) Fin de Louis continue en effet de donner forme aux préoccupations qui sont à l’origine même du geste théâtral de Pommerat pour qui « le théâtre est un lieu possible d’interrogation et d’expérience de l’humain […] un lieu de possibles, et de remises en question de ce qui nous semble acquis[1] ». Ce spectacle approfondit sa réflexion sur les individus et leurs représentations (individuelles et collectives) et prolonge la recherche d’un théâtre à la fois spectaculaire et concret, proche du public dont il doit « rouvrir la perception[2] ». Continuer la lecture « Ça ira (1) Fin de Louis, un tournant dans l’œuvre de Joël Pommerat ? Marion BOUDIER »
Ça ira (1) Fin de Louis, un tournant dans l’œuvre de Joël Pommerat ? Marion BOUDIER
A l’occasion de la reprise de Ça ira (1) Fin de Louis, au Théâtre de la Porte Saint-Martin, à Paris, jusqu’au 28 juillet 2019, nous publions cet extrait d’un texte de Marion Boudier paru dans le numéro 130 d’Alternatives théâtrales : Ancrage dans le réel / Théâtre National (Bruxelles) 2004-2017, suivi d’un dossier consacré à Joël Pommerat, oct. 2016.