Georges Banu était une mémoire vivante du théâtre, que nous perdons avec lui. Il nous reste ses essais, ses articles, et les nombreux souvenirs d’échanges passionnants. Il avouait avoir eu une expérience désastreuse du plateau en tant qu’acteur. « Je ne suis pas l’homme du re-faire », disait-il. C’est fort de cette constatation qu’il a construit son devenir de critique, à la juste place de celui qui pense dans l’admiration des créateurs, auprès d’eux. Une leçon pour les critiques. Lorsque je me lançais dans ma thèse sur l’œuvre de Wladyslaw Znorko, c’est précisément Znorko qui m’a conseillé de m’adresser à lui pour la diriger. Ceci n’est pas anodin : l’artiste faisant l’éloge du critique. Et ils ont été tant à faire son éloge. Très tôt Antoine Vitez ou Jerzy Grotowski, mais encore Peter Brook, Krzysztof Warlikowski, Stanislas Nordey, Thomas Ostermeier, Wajdi Mouawad……………
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Chantal Hurault
Chercheuse, enseignante, membre du comité de rédaction d’Alternatives théâtrales.
« Nous ne sommes plus le Teatro Valle Occupato. Qui sommes-nous ? »
Rencontre avec Fausto Paravidino, auteur, acteur et metteur en scène de « La Boucherie de Job », spectacle en tournée, créé pendant l’occupation du Teatro Valle (du 14 juin 2011 au 10 août 2014), théâtre historique de Rome. Entretien réalisé le 19 janvier 2016 à Paris.
Comment l’occupation du Teatro Valle a-t-elle commencé ?
Le théâtre était fermé depuis trois mois. L’ETI (Ente Teatrale Italiano) dont il dépendait n’existant plus, il est devenu propriété de l’État, avec l’option d’être repris par la mairie de Rome. L’occupation devait durer juste trois jours, en signe de protestation contre l’état d’abandon de la culture en Italie, pour réagir à l’absence de mobilisation à la fin de l’ETI et pour éviter la privatisation du théâtre. Comme nous n’avions pas de réponse concrète sur son devenir, nous y sommes restés et avons continué les débats avec de plus en plus de monde impliqué. Cela se passait juste après le non au référendum de 2011 sur la privatisation de l’eau. Il y avait un mouvement très important autour de la notion de biens communs, ces biens qui appartiennent à la nature, qui ne sont ni privés ni publics, comme l’air, l’eau… la culture peut-être.
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