« Je ne suis pas sûr de vouloir encore être ironique. »

En mai 2015, à l’occasion des vingt-cinq ans de la compagnie, Transquinquennal lançait un grand plébiscite théâtral : les spectateurs du Théâtre de Liège étaient invités à choisir parmi sept textes lequel serait mis en scène par le collectif en novembre 2015. C’est « Moby Dick (en répétition) » d’Orson Welles (d’après Herman Melville) qui s’est imposé par les suffrages. Journal de création, épisode 3/4 : notes de travail, par Stéphane Olivier.

Lundi 4 janvier 2016. Théâtre de Liège. Salle de la Grande Main. Moby Dick, répétitions. Noël est passé, et avec l’an neuf nous entamons les deux dernières semaines de travail avant les représentations. La baleine est dans le ventre du théâtre, comme Jonas. Samuel French Inc. nous interdit de changer le titre, nous aurions préféré « Moby Dick »; la fiction de répétition, que Welles a écrite pour introduire sa tentative de théâtraliser le roman de Melville, s’épuise rapidement et à l’usage, nous semble datée. La transposition du roman de Melville est magistrale, la traduction de Daniel joue toute seule ; mais… Nous ne voulons pas jouer à la répétition, même si ce que nous ferons sera nommé comme tel.

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La petite maison sans grâce entraîne l’adhésion des spectateurs.

« Accents toniques » est un recueil de notes, la plupart inédites, rédigées depuis 1973 par Jean-Marie Piemme. Extrait 7 : note à propos du spectacle « J’habitais une petite maison sans grâce, j’aimais le boudin », d’après son recueil autobiographique « Spoutnik » (Éd. Aden, 2008), adapté par Virginie Thirion et Philippe Jeusette, actuellement au Théâtre Varia.

Lorsque Philippe Jeusette m’a proposé de jouer des moments de Spoutnik, un texte autobiographique, j’ai dit oui immédiatement, c’est un acteur puissant qui sait allier force et finesse, violence et fantaisie, et trouver le contact avec le spectateur. Continuer la lecture « La petite maison sans grâce entraîne l’adhésion des spectateurs. »

Avant la première

« Accents toniques » est un recueil de notes, la plupart inédites, rédigées depuis 1973 par Jean-Marie Piemme. Extrait 6 : note d’octobre 1998 (première publication dans le numéro 58-59 d’Alternatives théâtrales).

– AVANT LA PREMIÈRE. Je suis assis. La salle est dans la pénombre, le plateau est faiblement allumé. Je ne sais pourquoi, je me souviens tout à coup qu’un jour, après avoir regardé un match de foot, je m’étais demandé si les joueurs – comme souvent les acteurs de théâtre – pissent avant d’entrer en jeu. C’était une question assez triviale, j’en conviens. Mais pourquoi faudrait-il se l’interdire dès l’instant où le théâtre, le sport, mettent en branle des corps humains ? Et cette interrogation n’était pas sitôt venue qu’elle fit remonter de ma mémoire un souvenir, celui d’une émission de radio que j’avais entendue il y a longtemps, où Mary Marquet, une grande actrice, celle-là, un de ces monstres sacrés à l’ancienne, déclarait avec un aplomb inimaginable (je cite approximativement): « on n’est pas vraiment actrice si on n’a jamais pissé dans l’évier de sa loge ». Ha ! J’imagine d’ici la scène ! La grande Marquet un pied sur une chaise, l’autre sur le lavabo, relevant la robe d’Hermione, et s’efforçant de pisser trois ultimes gouttes pendant que le régisseur de plateau frappe à la porte de la loge en disant : « madame Marquet en scène dans une minute ! »

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Nos choix

En mai 2015, à l’occasion des vingt-cinq ans de la compagnie, Transquinquennal lançait un grand plébiscite théâtral : les spectateurs du Théâtre de Liège étaient invités à choisir parmi sept textes lequel serait mis en scène par le collectif en novembre 2015. C’est « Moby Dick (en répétition) » d’Orson Welles (d’après Herman Melville) qui s’est imposé par les suffrages. Journal de création, épisode 2/4 : le processus de sélection du texte, par Miguel Decleire.

Au départ du projet, il y a cette envie de marquer un anniversaire sans faire de commémoration. Marquer le temps, mais autrement qu’en se tournant vers le passé (ce que je fais pourtant maintenant, en remontant dans mes notes à l’occasion de ce billet…) : en saisissant l’occasion d’en faire le cadre d’un nouveau projet. Et pour ne pas nous mettre en position de recevoir le cadeau (ce qui est un peu indélicat quand on décide de rendre son anniversaire public), c’est nous qui allons le faire : ce sera le choix que nous offrons, pour l’occasion, au public.

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Les confins au centre du monde – Entretien avec Maria Casarès

En 1990, Serge Saada s’entretenait avec Maria Casarès. Dans le cadre du numéro consacré à l’oeuvre de Bernard-Marie Koltès, l’actrice revenait sur son personnage de Cécile dans « Quai Ouest » et sur l’écriture du dramaturge disparu neuf mois plus tôt. Entretien publié dans le numéro 35-36 d’Alternatives théâtrales.

Mon premier choc a été Casarès dans Médée. C’est ça qui m’a fait écrire. Elle m’a inspiré des rôles. Elle a joué dans Quai Ouest et je m’en mords les doigts, parce que, pour quelqu’un comme elle, il faut écrire un grand rôle sur mesure, une pièce où elle est pratiquement seule. Je vais écrire une pièce pour Casarès, quelque chose que je prendrai dans le livre de Job.

Bernard-Marie Koltès

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L’Intruse

« L’Intruse » de Maurice Maeterlinck, mis en scène par Emmanuel Texeraud

Monter une pièce de Maurice Maeterlinck constitue toujours un défi dramaturgique. Comment la réforme théâtrale « symboliste » qu’il entreprend à la fin du 19e siècle, inspirée entres autres par la théorie de la surmarionnette de Kleist, se décline-t-elle au début du 21e ? On se rappelle la proposition géniale de Denis Marleau avec Les Aveugles en 2002¹, « fantasmagorie technologique » projetant le visage des acteurs sur le moulage de leurs traits, suspendus dans l’espace, ou plus récemment, en 2014, l’émouvante version japonaise d’Intérieur par Claude Régy, toute en lenteur et recueillement…

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« À vous de choisir… »

En mai 2015, à l’occasion des vingt-cinq ans de la compagnie, Transquinquennal lançait un grand plébiscite théâtral : les spectateurs du Théâtre de Liège étaient invités à choisir parmi sept textes lequel serait mis en scène par le collectif en novembre 2015. Devant Michèle Fabien (« Amphitryon »), Konstantin Kostienko (« Diagnostic : Happy Birthday »), Rafael Spregelburd (« La Modestie »), Mac Wellman (« Sept Pipes »), Thorton Wilder (« Notre Petite Ville ») et Stefan Zweig (« Volpone »), c’est le « Moby Dick (en répétition) » d’Orson Welles (d’après Herman Melville) qui s’est imposé par les suffrages. Journal de création, épisode 1/4 : la pré-production, par Bernard Breuse.

25 janvier 2016

Pour être vraiment pertinent, le journal d’une création devrait se dérouler en temps réel, et rendre compte de l’histoire d’un spectacle au moment où il se construit. En tout cas, de mon point de vue, c’est nettement plus passionnant, puisqu’on ne sait encore rien du résultat, on ne sait rien à ce moment-là, du résultat. Connaître la fin de l’histoire change la manière dont on la raconte, dont on l’entend. Ainsi, à peu près tout le monde sait que le capitaine Achab meurt emporté par le cachalot blanc, et cela change le point de vue qu’on a sur eux et sur la manière dont ils se comportent.
Les six représentations de « Moby Dick en répétition » d’Orson Welles ont donc été jouées au Théâtre de Liège du 17 au 23 janvier 2016 et j’avoue, je n’ai tenu aucun journal pendant les répétitions. Et je me rends compte que mes notes sont très parcellaires. En fait, tout a déjà disparu, et il ne me reste plus que des souvenirs pour documenter la chose. Mais peut-on s’y fier ?

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Chéreau à Bruxelles / Casarès dans la salle

« Accents toniques » est un recueil de notes, la plupart inédites, rédigées depuis 1973 par Jean-Marie Piemme. Extrait 5 : notes non datées (années 80-90).

– PATRICE CHÉREAU À BRUXELLES. Il cherche un lieu pour représenter Dans la solitude des champs de coton de Koltès. Il a fixé son choix sur les Halles de Schaerbeek. Avant lui, Mnouchkine, pour Sihanouk, avait fait le même choix. Ça et là, on entend des critiques contre Mortier qui programme le spectacle : il investirait des sommes trop importantes pour équiper provisoirement les Halles. Personne ne songe à voir le scandale là où il est : que dans une ville comme Bruxelles, il n’y a actuellement aucune salle équipée pour recevoir des créateurs comme Mnouchkine et Chéreau.

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Décris-Ravage

« Un spectacle documentaire consacré à la Question de Palestine » d’Adeline Rosenstein

« Reste la volonté de comprendre. Or démêler puis refaire le nœud de “ce qui a bien pu se passer pour qu’on en arrive là” exige de la patience. Dans le cas du conflit israélo-palestinien, le nœud est gros de plus de cent ans. Il faut à chaque étape du travail, pas seulement en public, mais aussi entre nous et face aux personnes qui nous livrent courageusement leur témoignage, éviter les mots qui agacent, éviter les termes qui découragent, les ironies qui sèment la confusion, les raccourcis qui tendent au lieu de délier. Après vingt ans d’indignation virulente, j’ai dû trouver autre chose. »
Adeline Rosenstein

Ce sont quatre épisodes de « Décris-Ravage » que l’on a pu voir jusqu’ici, encore tout récemment à L’Échangeur à Bagnolet dans le cadre de « Fabrique des regards : Europe et Moyen-Orient » ; les cinquième et sixième épisodes seront créés ces semaines-ci, complétant le spectacle pour sa présentation complète à La Balsamine en avril prochain. Enfin.

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L’art du compromis

En 2009, Antoine Laubin s’entretenait avec Ivo van Hove. Un an après le triomphe de ses « Tragédies romaines », et sept ans avant ses « Kings of war », le metteur en scène flamand évoquait son travail d’adaptation théâtrale d’oeuvres cinématographiques. Entretien publié dans le numéro 101 d’Alternatives théâtrales.

L’été dernier, les spectateurs du Festival d’Avignon s’enthousiasmaient pour les « Tragédies romaines » d’Ivo van Hove. Durant six heures puissantes et ludiques, le metteur en scène belge néerlandophone développait une audacieuse dramaturgie, où les rapports salle/scène se réinventaient pour aborder le discours politique d’aujourd’hui à travers les mots de Shakespeare. Georges Banu avait alors souligné que le spectacle offrait au public une place inédite et restituait « en acte, le regard contemporain sur l’Histoire »¹. Ce coup d’éclat magistral du metteur en scène, par ailleurs directeur du Toneelgroep d’Amsterdam², met aujourd’hui en lumière un travail riche de plusieurs dizaines de spectacles depuis 1981, moins connu du public francophone que celui de ses contemporains Jan Fabre ou Guy Cassiers³, et au cœur duquel le cinéma occupe une place toute particulière.

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