Des chemins dans l’inconnu

À propos de 2666 de Roberto Bolaño mis en scène par Julien Gosselin.

À l’occasion de l’exposition AMBERES – L’ANVERS DE ROBERTO BOLAÑO, inspirée d’un roman, d’une ville et d’une scène, du 7 juin au 15 septembre 2019, à Anvers, nous vous proposons de lire ou relire cet extrait d’un texte d’Emmanuelle Favier, publié dans le n° 131 d’Alternatives théâtrales,  « Écrire, comment ? », mars 2017.
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Avignon 2019 « Pelléas et Mélisande » de M. Maeterlinck : un tragique quotidien appuyé sur la poésie de l’image.

L’opéra de Claude Debussy a pratiquement éclipsé le texte original, plus nuancé, de Maeterlinck, plein de failles mystérieuses. Magnifié par une musique bénéficiant d’une aura universelle, porté par des mises en scène souvent exceptionnelles (comme celle de Katy Mitchell à Aix en 2016) l’opéra a mis à l’arrière-plan la pièce de théâtre. A Avignon Julie Duclos a relevé le défi avec panache et pertinence.

Avec son équipe très soudée (Emilie Noblet pour le film initial, Hélène Jourdan pour la scénographie) Julie Duclos donne une sensibilité contemporaine à ce drame symboliste, sans en trahir le sens. La sensation d’effondrement d’un monde inspire son intro filmée dans la forêt et les très beaux inserts qui rythment le récit d’une symphonie de couleurs sombres et de saisons menaçantes. Une allusion discrète, oblique, jamais littérale aux menaces actuelles sur la nature. Et le mélange du film et du théâtre multiplie les angles visuels qui soutiennent le texte et le jeu des acteurs, tous excellents.  La partie si ambigüe des amours furtives de Pelléas (fragile Mathieu Sampeur) et Mélisande (Alix Riemer, habile meneuse de jeu) est traitée en nuances.. Vincent Diesez en Golaud n’est pas un jaloux caricatural mais un animal blessé, parfaitement odieux dans la scène où il oblige le petit Yniold à jouer les voyeurs. Ce visage d’enfant manipulé par un adulte, projeté sur grand écran, est inoubliable et d’une terrible actualité. Continuer la lecture « Avignon 2019 « Pelléas et Mélisande » de M. Maeterlinck : un tragique quotidien appuyé sur la poésie de l’image. »

Hasard et moments magiques

A l’occasion de la programmation de GARDEN OF CHANCE, dans le cadre du Festival d’Avignon (édition 2019), nous publions un extrait d’un texte du mentaliste Kurt Demey.
Version complète à lire dans Poétiques de l’illusion, Dialogues contemporains entre marionnette et magie, Alternatives théâtrales, juin 2018.

En tant que mentaliste, j’entretiens une relation étrange avec le hasard.

J’ai toujours un oeil dessus, j’y suis sensible, je le vois partout mais je n’arrive pas à l’atteindre, je finis par le trahir et m’en éloigne. Je suis fasciné par les moments où nos repères et nos certitudes vacillent, les moments où il arrive quelque chose d’inexplicable, les moments dits « magiques ».

Ce qu’on ressent devant des coïncidences troublantes est vital pour nous. Aussi vital que le bonheur, puisque ces sentiments produisent chez nous les mêmes hormones… Continuer la lecture « Hasard et moments magiques »

Crâne d’après Patrick Declerck

Mise en scène d’Antoine Laubin.

Quand j’aurai du vent dans mon crâne
Quand j’aurai du vert sur mes osses
P’têt qu’on croira que je ricane
mais ça s’ra une impression fosse

Boris Vian

S’emparant une fois encore de l’oeuvre de Patrick Declerck dont il avait adapté avec brio « Démons me turlupinant », Antoine Laubin s’affronte dans « Crâne » au récit autobiographique dans lequel l’auteur et psychanalyste raconte l’opération qu’il a subi pour extraire la tumeur au cerveau qui le menaçait depuis plusieurs années.
Pour un écrivain, et pour nous tous, humains, le bien auquel nous sommes le plus attaché est sans doute la conscience de la vie et son expression, le langage, qui nous permet de communiquer, d’exprimer notre pensée et nos émotions.

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La Quadriennale de Prague : Empreintes.

Printemps 2019

Le souvenir dispose d’une résistance moindre à l’oubli que l’empreinte qui, elle, finit par se constituer en monade de la mémoire, en trace ancrée en soi avec une consistance supérieure. L’empreinte fixe plutôt un événement fort, trié et isolé, tandis que les souvenirs s’inscrivent plus ou moins dans un flot qui les emporte et entraîne, ensuite, vers un effacement accéléré. A propos de la Quadriennale de Prague, panorama planétaire de la scénographie actuelle, je préfère cette fois –ci évoquer les empreintes plutôt que les souvenirs…en essayant de restituer l’expérience vécue et conserver son impact.

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Ça ira (1) Fin de Louis, un tournant dans l’œuvre de Joël Pommerat ? Marion BOUDIER

A l’occasion de la reprise de Ça ira (1) Fin de Louis, au Théâtre de la Porte Saint-Martin, à Paris, jusqu’au 28 juillet 2019, nous publions cet extrait d’un texte de Marion Boudier paru dans le numéro 130 d’Alternatives théâtrales : Ancrage dans le réel / Théâtre National (Bruxelles) 2004-2017, suivi d’un dossier consacré à Joël Pommerat, oct. 2016.

Fiction politique inspirée d’une matière historique apparemment dénuée de l’inquiétante étrangeté qui caractérisait jusqu’ici les spectacles de la Compagnie Louis Brouillard, Ça ira (1) Fin de Louis pourrait laisser penser à une rupture dans le parcours de Joël Pommerat. Sans entrer ici dans les débats interprétatifs qu’elle suscite, j’aimerais souligner la singularité de certains choix dramaturgiques tout en montrant comment cette nouvelle création s’inscrit dans une continuité de questionnements esthétiques et thématiques. Par rapport aux grands cycles de l’œuvre (les premières pièces énigmatiques, riches en expérimentations spatio-temporelles, le tournant de la trilogie Au monde, D’une seule main, Les Marchands (2004-2006) plus engagée dans la réalité sociale, et la « bascule » de Cercles/Fictions (2010) qui accentue une veine d’écriture réaliste et humoristique débutée en 2008 avec Je tremble (1 et 2) et Pinocchio), Ça ira (1) Fin de Louis continue en effet de donner forme aux préoccupations qui sont à l’origine même du geste théâtral de Pommerat pour qui « le théâtre est un lieu possible d’interrogation et d’expérience de l’humain […] un lieu de possibles, et de remises en question de ce qui nous semble acquis[1] ». Ce spectacle approfondit sa réflexion sur les individus et leurs représentations (individuelles et collectives) et prolonge la recherche d’un théâtre à la fois spectaculaire et concret, proche du public dont il doit « rouvrir la perception[2] ». Continuer la lecture « Ça ira (1) Fin de Louis, un tournant dans l’œuvre de Joël Pommerat ? Marion BOUDIER »

Peau et incarnation, des impensés politiques de la scène contemporaine

A l’occasion de la table ronde sur le thème de la diversité dans le spectacle, organisée par « Pôle Emploi audiovisuel spectacle artistes » le 6 juin 2019 au Théâtre des Champs-Elyzées à Paris, nous publions un extrait du texte de Sylvie Chalaye, paru dans le numéro 133 d’Alternatives théâtrales en novembre 2017 : Quelle diversité culturelle sur les scènes européennes ?

La circulation de la phrase dans les nerfs

Le Kung-fu[1], un spectacle écrit et joué par Dieudonné Niangouna nous amène à réfléchir avec humour au phénomène d’identification qui dépasse toutes les frontières physiques et qui participe du plaisir à se raconter des histoires. Niangouna se projette dans Bruce Lee ou Jackie Chan, mais énumère aussi des dizaines de ses héros sans jamais faire référence à la couleur de peau : Continuer la lecture « Peau et incarnation, des impensés politiques de la scène contemporaine »

Ambassadrice du compositeur. Portrait de Susanna Mälkki

Alors que Susanna Mälkki était à l’Opéra de Paris pour diriger Rusalka, Leyli Dayroush s’est entretenue avec elle et nous livre un portrait qui revient sur son parcours et la vision de son métier. En partenariat avec le magazine de l’Opéra de Paris.

De la musique avant toute chose ?

« Enfant, j’ai débuté la musique avec le violon. Cet instrument était le choix de mes parents et il ne me correspondait pas vraiment. Vers l’âge de neuf ans, j’ai découvert le violoncelle lors d’un concert scolaire. En Finlande, à l’époque, afin d’initier les enfants à la musique, des instruments étaient mis à leur disposition à l’école, alors un jour, je suis rentrée à la maison avec un violoncelle…
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Argentine : une passion pour le théâtre

Julia Sagaseta

À l’occasion de la sortie du #137 d’Alternatives Théâtrales, « Noticias Argentinas », Julia Elena Sagaseta, professeure à l’Université Nationale des Arts de Buenos Aires, dresse un portrait-paysage rétrospectif et prospectif de la scène théâtrale argentine. Traduit de l’espagnol (Argentine) par Benoît Hennaut.

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Il faut venir pour le comprendre

Un voyage au cœur du 12e Festival International de Buenos Aires (FIBA), et un état des lieux théâtral en Argentine. Par Gerardo Salinas.

À l’occasion de la sortie du #137 d’Alternatives Théâtrales, « Noticias Argentinas », le dramaturge du KVS, originaire de Buenos Aires, nous livre son carnet de route au cœur du FIBA en janvier 2019. Par Gerardo Salinas et traduit de l’espagnol par Benoît Hennaut.

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