Un héritage sans testament, « Maitres anciens » au Théâtre de la Bastille.

Jean-Marie Hordé, l’inlassable éclaireur du théâtre en France a eu la très bonne idée de reprendre le spectacle Maîtres anciens dans son Théâtre de la Bastille.

Thomas Bernhard n’a eu de cesse dans ses romans et son théâtre de régler ses comptes avec la société autrichienne, son passé nazi, l’empreinte du catholicisme, sa culture petite bourgeoise.

Curieusement, ce sont souvent ses textes non dramatiques portés à la scène qui permettent d’aborder l’univers de l’auteur dans toute sa complexité. Ce fut le cas il y a trente ans déjà dans l’adaptation que Michèle Fabien avait réalisée de Oui dont la mise en scène de Marc Liebens et l’interprétation de Patrick Descamps avaient connus une carrière mémorable.

Aujourd’hui ce sont Nicolas Bouchaud et Eric Didry qui se sont attaqués au roman  Les maîtres anciens  pour en donner une représentation remarquable à tout point de vue…

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Sachli Gholamalizad ou la rage des origines

Prochainement au KVS à Bruxelles, vous pourrez assister à la Trilogie Sachli Gholamalizad : A REASON TO TALK ; LET US BELIEVE IN THE BEGINNING OF THE COLD SEASON ; (NOT) MY PARADISE. A cette occasion nous vous invitons à lire ou relire un extrait d’un texte de Christian Jade publié dans Lettres persanes et scènes d’Iran, #132, juin 2017.

(extrait) 

(…)

En Flandre, où elle a atterri à l’âge de cinq ans avec sa mère et ses deux frères, il y a trente ans, Sachli Gholamalizad est une vedette de cinéma et surtout de séries TV. Dans Bunker, qui déroule ses enquêtes policières dans le cadre d’une équipe de la Sûreté de l’État, son personnage, Farah Tehrani, est à son image : une jeune Flamande, fière de ses origines iraniennes et qui n’a pas froid aux yeux. Mais Sachli Gholamalizad a une identité plus subtile et d’autres ambitions esthétiques : créer sa propre oeuvre de haut niveau, mêlant cinéma et théâtre documentaire, pour raconter son histoire d’exilée et sa relation agressive, complexe à sa mère, sa famille et ses deux pays, l’Iran et la Belgique. On a pu voir cette saison, au KVS, en flamand, puis au Théâtre National, en français, deux volets d’une trilogie. Elle y règle ses comptes, en Belgique, avec sa mère, dans A Reason to talk, un solo qui a remporté un premier prix au prestigieux Fringe Festival d’Edimbourg (2014).

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Argentine : une passion pour le théâtre

Julia Sagaseta

À l’occasion de la sortie du #137 d’Alternatives Théâtrales, « Noticias Argentinas », Julia Elena Sagaseta, professeure à l’Université Nationale des Arts de Buenos Aires, dresse un portrait-paysage rétrospectif et prospectif de la scène théâtrale argentine. Traduit de l’espagnol (Argentine) par Benoît Hennaut.

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La Cosa, de Claudio Stellato : Jeu de tout bois

Venu du cirque, passé par le théâtre, Claudio Stellato a eu envie, pour La Cosa, de prendre l’air hors des studios et de tester, pendant un an, le jeu avec divers matériaux. Il a essayé les pierres, les peaux d’animaux, les troncs d’arbres : il a choisi les bûches, pour leur légèreté et leurs infinies possibilités de démultiplication, et s’est entouré de trois acolytes. Continuer la lecture « La Cosa, de Claudio Stellato : Jeu de tout bois »

Ithaque, la traversée des espaces

Inspiré d’Homère / Christiane Jatahy

« Please send me a letter, I wish to know things are getting better, better, better » : adressés à sa sœur Maria Bethania pendant son exil à Londres, ces mots de Caetano Veloso fredonnés dans Ithaque, la dernière pièce de Christiane Jatahy, disent bien la distance, l’espoir et l’attente qui en forment le coeur. Continuer la lecture « Ithaque, la traversée des espaces »

Danse en Iran : une position doublement critique

À propos de Mohammad Abbasi, Sorour Darabi, Setareh Fatehi, Ehsan Hemat, Ali Moini, Hiva Sedaqat, Davoud Zare.

(…) Pour Sorour Darabi, sorti.e diplômé.e en 2015 du Master en études chorégraphiques, les créatures et les choses se situent sur un pied d’égalité. Il.elle aime à déguiser son identité et le discours sur le neutre lui permet d’abolir les distances entre agents humains et non humains, comme de botter en touche les questions oiseuses sur son apparence physique. Continuer la lecture « Danse en Iran : une position doublement critique »

Myriam Tanant, l’art flamboyant

Hommage à une grande dame du théâtre

Myriam Tanant s’est éteinte le 12 février 2018. Universitaire, traductrice, peintre, un temps actrice, metteure en scène d’opéras et de théâtre, auteure de théâtre elle-même et parfois librettiste d’opéras, cette femme talentueuse était dotée d’une humanité profonde qui faisait d’elle une collègue et un maître merveilleux. Continuer la lecture « Myriam Tanant, l’art flamboyant »

United Stages

Les combats qui se sont déroulés dans la ville syrienne d’Alep en décembre 2016 sont un des nombreux exemples des violences qui touchent durement les populations civiles dans les zones de conflit, toujours au mépris du droit humanitaire.
Le secteur culturel de Belgique souhaite montrer qu’il n’est pas indifférent au sort tragique que connaissent les populations civiles, à Alep et sur tous les continents, mais qu’au contraire il est profondément révolté devant l’incapacité de la communauté internationale d’empêcher ces massacres et de permettre aux victimes de chercher un refuge dans des endroits plus sûrs. Continuer la lecture « United Stages »

Héritière de l’histoire coloniale et de l’histoire ouvrière – Entretien avec Eva Doumbia

Suite de notre série consacrée aux défis de la diversité culturelle (en préambule à la sortie du #133 à l’automne prochain) : entretien avec Eva Doumbia, metteuse en scène afropéenne.

Comment définiriez-vous votre travail de création artistique, envisagé à l’aune de la « diversité culturelle » ? Et que revêt selon vous ce terme devenu d’usage courant au sein des institutions culturelles ? 

C’est un terme qui me semble hypocrite, car, normalement, la « diversité », c’est le rassemblement ce qui est divers. Mais, aujourd’hui, on appelle « diversité » ceux qui ne sont pas issus du groupe dominant d’origine européenne  et « blancs», si tant est que le « blanc » cela existe. Mais, « diversité », c’est un terme que moi-même je peux utiliser, selon les contextes, parce que cela va plus vite et aussi parce que le terme « racisé » qu’on emploie dans le collectif « décoloniser les arts » dont je fais partie est souvent mal compris. Je pense que si je devais me définir, je dirais plutôt « issue de l’immigration coloniale ». Moi, je suis héritière de l’histoire coloniale et de l’histoire ouvrière.  Continuer la lecture « Héritière de l’histoire coloniale et de l’histoire ouvrière – Entretien avec Eva Doumbia »