Collectif Les compagnons pointent

Le collectif Les Compagnons pointent présente au théâtre des Martyrs L’histoire approximative mais néanmoins touchante et non-écourtée de Boby Lapointe, du 27 novembre au 14 décembre 2019.
Ils ont bien voulu répondre à nos questions dans le cadre d’une enquête sur la création en collectif.

Allan, Axel, Benoît, Valentin et Virgile ou l’Embompoint, le Point final, les Points de suspensions (ou Saoul-fifre), le Point de Vue et le Point-virgule. Cinq acteurs qui se sont d’abord réunis autour de l’oeuvre de Boby Lapointe pour aborder le théâtre de rue. Aujourd’hui, constitué en compagnie, le groupe expérimente la création collective, dans différentes formes scéniques, en rue comme en salle, et prend plaisir à “polychanter” les calembours de la vie. Continuer la lecture « Collectif Les compagnons pointent »

Tirer sur les mots suspendus dans l’espace

Le théâtre et l’individu en Iran

Douter de tout, et surtout, de sa version officielle

Ces dernières années, suite aux tumultes socio-politiques qui ont marqué le second mandat du gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad (2009) et très précisément après l’arrivée au pouvoir du président Hassan Rouhani en 2013, la scène iranienne semble être plus que jamais traversée par la question de l’« individu » qui émerge de manière remarquable. Ce qui résulte en quelque sorte de la méfiance envers les rapports entre la société et sa gouvernance. Curieusement, bien loin de s’abandonner au désespoir, les praticiens du théâtre en Iran optent pour un certain retour sur soi. Continuer la lecture « Tirer sur les mots suspendus dans l’espace »

A propos de UNE FICTION LUCIDE, OPTIMISTE, NON-EXCLUANTE ET TRAGI-COMIQUE

Création prévue pour l’ouverture de saison de Mars – Mons arts de la scène, 2020/21. Entretien avec Florence Minder

Sylvie Martin-Lahmani : Dans le droit fil de SAISON 1 (de Florence Minder, avec Pascal Merighi, Sophie Sénécaut et Florence Minder), qui a connu un beau succès en France et en Belgique, tu te lances dans un nouveau projet de création qui sera soutenu et produit par de nombreux théâtres importants !

Florence Minder : Oui, ce nouveau projet de création baptisé UNE FICTION LUCIDE, OPTIMISTE, NON-EXCLUANTE ET TRAGI-COMIQUE va bénéficier du soutien du 4 par 4, c’est à dire que 4 centres scéniques belges s’associent autour d’un projet : le Théâtre Varia à Bruxelles, les théâtres de Liège et de Namur et MARS à Mons. Nous sommes également soutenus depuis le début par l’Ancre à Charleroi et la Scène Nationale de Dieppe en France, où je suis soutenue en tant qu’auteure, et par La Bellone en recherche dramaturgique. Continuer la lecture « A propos de UNE FICTION LUCIDE, OPTIMISTE, NON-EXCLUANTE ET TRAGI-COMIQUE »

Œuvre de sépulture : Kanata, la réparation contrariée de l’ethnocide amérindien

« [L]’acteur (…), sur une scène, joue à être un autre, devant une réunion de gens qui jouent à le prendre pour cet autre. »
Jorge Luis Borges, « Everything and nothing », L’Auteur et autres textes, trad. Roger Caillois, Paris, Gallimard, 1965, p. 88.

Lorsqu’Ariane Mnouchkine invite le metteur en scène Robert Lepage à réaliser une création collective avec la troupe du Théâtre du Soleil, elle est loin d’imaginer la polémique qu’engendrera quatre ans plus tard, avant même sa présentation publique, une œuvre dont l’ambition est pourtant de rendre compte de l’histoire de la colonisation française puis britannique des peuples autochtones d’Amérique du Nord. Dénonciation de l’assimilation culturelle et de l’ethnocide des amérindiens par le gouvernement canadien, Kanata[1] est finalement taxé par certains groupes mobilisés d’appropriation culturelle, au motif qu’il est conçu sans participation directe de représentants des Premières Nations. La polémique entraîne le désistement d’un important partenaire financier, l’annulation de la création au Canada et son plan de sauvetage in extremis en France, sous une forme notablement modifiée afin de tenir compte du malentendu, sans pour autant renoncer à l’intention artistique et politique initiale. Sauf que l’amputation de la composante historique biaise la réception et attise les critiques que cette reconfiguration était censée apaiser. Continuer la lecture « Œuvre de sépulture : Kanata, la réparation contrariée de l’ethnocide amérindien »

Nos Trois soeurs d’aujourd’hui

au théâtre des Martyrs

Ouvrir sa saison théâtrale à Bruxelles par un texte contemporain en ces temps de frilosité du public pour la découverte est un acte courageux.
C’est la voie que Philippe Sireuil a choisie en nous proposant de découvrir Villa Dolorosa de Rebekka Kricheldorf , mise en scène par Georges Lini.
Depuis plusieurs années le metteur en scène et sa compagnie « Belle de nuit » travaillent sur l’interaction entre le contemporain et le classique : c’est tout naturellement qu’il s’est emparé de l’adaptation et la réécriture que l’auteure de théâtre allemande Rebekka Kricheldorff a réalisée à partir des Trois Sœurs. Continuer la lecture « Nos Trois soeurs d’aujourd’hui »

Les voies sauvages

au Rideau de Bruxelles

La réouverture d’un théâtre est toujours un moment d’émotion… et d’espoir! Le Rideau qui a à Bruxelles une longue histoire et des années d’errance a fait peau neuve dans ce quartier particulier d’Ixelles à la croisée des cultures urbaines métissées.
Grâce à la ténacité de Michaël Delaunay et de son équipe, ce lieu destiné principalement à la découverte de nouvelles écritures va pouvoir poursuivre une aventure longue de 75 années !

Une heureuse reprise a ouvert cette saison 2019/2020.

Ecrit et mise scène par Régis Duqué sur base de conversations avec Dominique de Staercke et interprété par Cédric Juliens, Les voies sauvages est une belle leçon de vie et de théâtre.
On sent que le texte est écrit à partir d’un dialogue au plus près du réel exaltant que procure les courses en montagne et en même temps on est au théâtre grâce à l’étrange fusion réussie de trois « personnages » : celui qui raconte son expérience, celui qui la transcrit et la réécrit et celui qui l’interprète. Continuer la lecture « Les voies sauvages »

La mémoire des arbres au théâtre National, Bruxelles

Fasciné par les villes fantômes (celles de la fameuse route 66 pour le premier volet de Ghost Road en 2012, puis celle de Chacabuco dans le désert d’Atacama pour children of Nowhere,en 2015), Fabrice Murgia poursuit son trajet d’artiste/voyageur pour nous faire découvrir Oziorsk en Russie, près du complexe nucléaire de Maïak qui en 1957 a vécu la troisième plus importante catastrophe nucléaire au monde. Il en a tiré un monologue puissant inspiré par la rencontre d’un habitant qui vit dans cette ville secrète où vivent toujours des milliers de personnes. Continuer la lecture « La mémoire des arbres au théâtre National, Bruxelles »

Des adaptations d’opéras au théâtre musical, Naissance d’un nouveau genre

En écho à la programmation de TARQUIN, drame lyrique créé par JEANNE CANDEL, FLORENT HUBERT, ARAM KEBABDJIAN, présenté au Centre dramatique de Montreuil du 20 septembre au 06 octobre 2019, nous vous invitons à lire ou relire un extrait d’un texte de Leyli Daryoush publié dans le numéro 136 d’Alternatives théâtrales : Théâtre Musique, Variations contemporaines.

(…)
Paris/
La partition d’Orfeo démembrée par les Bacchantes

En 2017, Orfeo/Je suis mort en Arcadie est créée par le collectif exubérant La vie brève, compagnie cofondée par Jeanne Candel et Samuel Achache. Basée sur l’Orfeo de Monteverdi et d’autres matériaux aussi divers que les improvisations des chanteurs-acteurs ou les Géorgiaques de Virgile – adaptation décalée pour ne pas dire déjantée de l’oeuvre lyrique. Continuer la lecture « Des adaptations d’opéras au théâtre musical, Naissance d’un nouveau genre »

Des chemins dans l’inconnu

À propos de 2666 de Roberto Bolaño mis en scène par Julien Gosselin.

À l’occasion de l’exposition AMBERES – L’ANVERS DE ROBERTO BOLAÑO, inspirée d’un roman, d’une ville et d’une scène, du 7 juin au 15 septembre 2019, à Anvers, nous vous proposons de lire ou relire cet extrait d’un texte d’Emmanuelle Favier, publié dans le n° 131 d’Alternatives théâtrales,  « Écrire, comment ? », mars 2017.
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Avignon 2019 « Pelléas et Mélisande » de M. Maeterlinck : un tragique quotidien appuyé sur la poésie de l’image.

L’opéra de Claude Debussy a pratiquement éclipsé le texte original, plus nuancé, de Maeterlinck, plein de failles mystérieuses. Magnifié par une musique bénéficiant d’une aura universelle, porté par des mises en scène souvent exceptionnelles (comme celle de Katy Mitchell à Aix en 2016) l’opéra a mis à l’arrière-plan la pièce de théâtre. A Avignon Julie Duclos a relevé le défi avec panache et pertinence.

Avec son équipe très soudée (Emilie Noblet pour le film initial, Hélène Jourdan pour la scénographie) Julie Duclos donne une sensibilité contemporaine à ce drame symboliste, sans en trahir le sens. La sensation d’effondrement d’un monde inspire son intro filmée dans la forêt et les très beaux inserts qui rythment le récit d’une symphonie de couleurs sombres et de saisons menaçantes. Une allusion discrète, oblique, jamais littérale aux menaces actuelles sur la nature. Et le mélange du film et du théâtre multiplie les angles visuels qui soutiennent le texte et le jeu des acteurs, tous excellents.  La partie si ambigüe des amours furtives de Pelléas (fragile Mathieu Sampeur) et Mélisande (Alix Riemer, habile meneuse de jeu) est traitée en nuances.. Vincent Diesez en Golaud n’est pas un jaloux caricatural mais un animal blessé, parfaitement odieux dans la scène où il oblige le petit Yniold à jouer les voyeurs. Ce visage d’enfant manipulé par un adulte, projeté sur grand écran, est inoubliable et d’une terrible actualité. Continuer la lecture « Avignon 2019 « Pelléas et Mélisande » de M. Maeterlinck : un tragique quotidien appuyé sur la poésie de l’image. »