Hasard et moments magiques

A l’occasion de la programmation de GARDEN OF CHANCE, dans le cadre du Festival d’Avignon (édition 2019), nous publions un extrait d’un texte du mentaliste Kurt Demey.
Version complète à lire dans Poétiques de l’illusion, Dialogues contemporains entre marionnette et magie, Alternatives théâtrales, juin 2018.

En tant que mentaliste, j’entretiens une relation étrange avec le hasard.

J’ai toujours un oeil dessus, j’y suis sensible, je le vois partout mais je n’arrive pas à l’atteindre, je finis par le trahir et m’en éloigne. Je suis fasciné par les moments où nos repères et nos certitudes vacillent, les moments où il arrive quelque chose d’inexplicable, les moments dits « magiques ».

Ce qu’on ressent devant des coïncidences troublantes est vital pour nous. Aussi vital que le bonheur, puisque ces sentiments produisent chez nous les mêmes hormones… Continuer la lecture « Hasard et moments magiques »

Crâne d’après Patrick Declerck

Mise en scène d’Antoine Laubin.

Quand j’aurai du vent dans mon crâne
Quand j’aurai du vert sur mes osses
P’têt qu’on croira que je ricane
mais ça s’ra une impression fosse

Boris Vian

S’emparant une fois encore de l’oeuvre de Patrick Declerck dont il avait adapté avec brio « Démons me turlupinant », Antoine Laubin s’affronte dans « Crâne » au récit autobiographique dans lequel l’auteur et psychanalyste raconte l’opération qu’il a subi pour extraire la tumeur au cerveau qui le menaçait depuis plusieurs années.
Pour un écrivain, et pour nous tous, humains, le bien auquel nous sommes le plus attaché est sans doute la conscience de la vie et son expression, le langage, qui nous permet de communiquer, d’exprimer notre pensée et nos émotions.

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La Quadriennale de Prague : Empreintes.

Printemps 2019

Le souvenir dispose d’une résistance moindre à l’oubli que l’empreinte qui, elle, finit par se constituer en monade de la mémoire, en trace ancrée en soi avec une consistance supérieure. L’empreinte fixe plutôt un événement fort, trié et isolé, tandis que les souvenirs s’inscrivent plus ou moins dans un flot qui les emporte et entraîne, ensuite, vers un effacement accéléré. A propos de la Quadriennale de Prague, panorama planétaire de la scénographie actuelle, je préfère cette fois –ci évoquer les empreintes plutôt que les souvenirs…en essayant de restituer l’expérience vécue et conserver son impact.

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Ambassadrice du compositeur. Portrait de Susanna Mälkki

Alors que Susanna Mälkki était à l’Opéra de Paris pour diriger Rusalka, Leyli Dayroush s’est entretenue avec elle et nous livre un portrait qui revient sur son parcours et la vision de son métier. En partenariat avec le magazine de l’Opéra de Paris.

De la musique avant toute chose ?

« Enfant, j’ai débuté la musique avec le violon. Cet instrument était le choix de mes parents et il ne me correspondait pas vraiment. Vers l’âge de neuf ans, j’ai découvert le violoncelle lors d’un concert scolaire. En Finlande, à l’époque, afin d’initier les enfants à la musique, des instruments étaient mis à leur disposition à l’école, alors un jour, je suis rentrée à la maison avec un violoncelle…
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Il faut venir pour le comprendre

Un voyage au cœur du 12e Festival International de Buenos Aires (FIBA), et un état des lieux théâtral en Argentine. Par Gerardo Salinas.

À l’occasion de la sortie du #137 d’Alternatives Théâtrales, « Noticias Argentinas », le dramaturge du KVS, originaire de Buenos Aires, nous livre son carnet de route au cœur du FIBA en janvier 2019. Par Gerardo Salinas et traduit de l’espagnol par Benoît Hennaut.

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Begin the Beguine, Jan Lauwers avec son mentor

En 1987, John Cassavetes écrit le Begin the Beguine pour ses acteurs fétiches – des acteurs de la troupe permanente du théâtre humain TROP humain (hTh) (Gonzalo Cunill et Juan Navarro), le CDN de Montpellier, producteur de cette version alors qu’il était encore dirigé par Rodrigo García au moment de la création (2017). Ben Gazzara et Peter Falk, déjà réunis en 1970 dans Husbands. Mais la mort du cinéaste en 1989 met fin au projet, et le texte ne sera pas monté. Vingt-cinq ans plus tard, l’éditeur allemand S. Fischer Verlag propose à Jan Lauwers de le mettre en scène. Continuer la lecture « Begin the Beguine, Jan Lauwers avec son mentor »

Kopernikus – La musique des sphères (parlantes)

Kopernikus, opéra – rituel de mort de Claude Vivier (1979), mis en scène par Peter Sellars

Kopernikus n’est pas à lui-même son propre centre, l’opéra ressemble à une constellation de personnages. Mais comme pour les constellations, on ne sait plus si l’image est dans les étoiles ou dans notre regard. Continuer la lecture « Kopernikus – La musique des sphères (parlantes) »

Julien Gosselin : éloge de la tristesse

En quelques années, Julien Gosselin s’est imposé comme une référence majeure de la création européenne. Le metteur en scène lessive autant qu’il captive les spectateurs qui sortent parfois exsangues de ses créations, comme nettoyés par l’attention constante qu’elles demandent. Il revient avec une nouvelle odyssée de neuf heures : Joueurs | Mao II | Les Noms, adaptation de trois romans de Don DeLillo. Continuer la lecture « Julien Gosselin : éloge de la tristesse »

Une nuit des rois semi-dénudée

À propos de « La Nuit des rois ou tout ce que vous voulez », à la Comédie-Française jusqu’au 28 février 2019

En travaillant avec les acteurs du Français pour la première fois sur La Nuit des rois, Thomas Ostermeier se permet une franche incursion dans le grotesque et dénude le bas corporel, jambes et fesses à peine recouvertes d’un mince sous-vêtement sous la chaleur cuisante d’Illyrie. Un spectacle ubuesque qui exacerbe la pulsion. Continuer la lecture « Une nuit des rois semi-dénudée »

Chronique d’un film revisité

À propos de « J’abandonne une partie de moi que j’adapte » de Justine Lequette (Group Nabla)

« Pourquoi faut-il travailler ? » questionne d’emblée une enfant (Léa Romagny) perchée sur une balançoire, d’un air malicieux. C’est ainsi que commence J’abandonne une partie de moi que j’adapte, spectacle conçu et mis en scène par Justine Lequette, à partir d’une adaptation du film documentaire de Jean Rouch et Edgar Morin, Chroniques d’un été. Continuer la lecture « Chronique d’un film revisité »