Quelle diversité culturelle sur les scènes européennes ? 

Un projet d’édition et de rencontres d’Alternatives théâtrales conçu et coordonné par Martial Poirson (Professeur à Paris 8) et Sylvie Martin-Lahmani (codirectrice d’Alternatives théâtrales).

« J’ai été interpelé ici même, dans cette salle [en Avignon] par des artistes qui ne se considéraient pas suffisamment dans nos spectacles, par leur couleur de peau dans un certain nombre de spectacles ou à la télévision » déclare le nouvellement promu François Hollande lors de sa visite symbolique au Festival d’Avignon. Il prenait alors acte, deux ans avant la cabale autour d’Exhibit B de Brett Bailey, du malaise grandissant (en dépit des injonctions déjà anciennes d’artistes comme Brook, Genet, Koltès) au sujet de la faible représentation des artistes issus de l’immigration sur les scènes des théâtres publics en France et en Europe, selon des modalités diverses liées aux différents « romans nationaux » et en particulier à la situation postcoloniale. Continuer la lecture « Quelle diversité culturelle sur les scènes européennes ? « 

Accès libres

Deux des spectacles abordés dans notre n°131 « Écrire, comment ? » seront très prochainement à l’affiche à Paris. Extraits.

À propos de La Chose commune, entretien avec David Lescot, réalisé par Sylvie Martin-Lahmani 

S. M.-L. : La Commune est une période de l’Histoire, plus connue symboliquement que de manière factuelle. Pourquoi s’en être emparé aujourd’hui ?
D. L. : Emmanuel (Bex) et moi avions envie de travailler ensemble depuis longtemps et le choix de la Commune s’est rapidement imposé. Comme tu le dis, c’est une période de l’Histoire faussement connue et pourtant passionnante, hautement symbolique ! La Commune, c’est un extraordinaire événement révolutionnaire qui fait écho aux combats et à la situation politique et sociale contemporaine, mais c’est aussi une grande improvisation sociale et politique… Pour tenter de retrouver quelque chose de la folle énergie de cet événement, de la force de ce rassemblement hétéroclite, il nous a semblé que le mélange des genres sur scène serait idéal : mélange de théâtre et de musique, équipe d’interprètes et de musiciens aux talents multiples… Continuer la lecture « Accès libres »

Entretien avec Marguerite Duras (2/2)

En 1983, dans les pages du numéro 14 d’Alternatives théâtrales, Jacqueline Aubenas s’entretenait avec Marguerite Duras. À l’occasion de la création du spectacle « La Musica Deuxième » au Théâtre Océan Nord (mise en scène Guillemette Laurent), nous publions cette archive en deux parties.

J. A. : Vous mettez à nu le cinéma, l’amour, la méchanceté.

M. D. : Je ne les accuse plus. Je permets de les admettre. Voir est déjà intolérable, dur. Alors, le dire ! Continuer la lecture « Entretien avec Marguerite Duras (2/2) »

Entretien avec Marguerite Duras (1/2)

En 1983, à l’occasion du numéro 14 d’Alternatives théâtrales, Jacqueline Aubenas s’entretenait avec Marguerite Duras. À l’occasion de la création du spectacle « La Musica Deuxième » au Théâtre Océan Nord (mise en scène Guillemette Laurent), nous publions cette archive en deux parties.

C’était à Bruxelles. en mars 81. Jacques Ledoux et la Cinémathèque royale de Belgique avaient organisé une rétrospective des films de Marguerite Duras. En sa présence. Elle est venue avec Yann Andréa. Elle est descendue à l’Astoria, rue Royale. Une fin d’après-midi, entre deux films, nous avons parlé. Dans l’atmosphère feutrée du hall et du bar. Dans ce climat ouaté des hôtels de qualité, un peu viscontiens. Des familles silencieuses et bien élevées s’attardaient après les agapes du déjeuner. Des petites filles qui s’ennuyaient d’être trop sages trop longtemps couraient entre les tables sans oser faire du bruit. L’une d’elles a monté ses gammes. D’une manière maladroite et grêle. Nous l’avons regardée et elle est partie, confuse, aussi rose que sa robe. Nous avons commandé du « blanc de blanc » bien frais. Il y avait des fleurs et des maîtres d’hôtel. Le lieu était devenu quelque chose qui ressemblait à Marguerite Duras. À ce qu’elle écrit et dit, transformé par l’alchimie d’une présence. Continuer la lecture « Entretien avec Marguerite Duras (1/2) »

Dramaturgie sans dramaturge

À quelques jours de la publication du #131 de notre revue (« Écrire, comment ? », sortie le 24 mars 2017), Benoît Hennaut nous propose la traduction inédite d’un texte récent du critique, curateur et performeur anglais Adrian Heathfield.

par Adrian Heathfield, traduit de l’anglais par Benoît Hennaut

Partout où la dramaturgie se conçoit comme une pratique qui s’imagine en amont d’un événement, elle se réduit à une forme d’auctorialité et de pouvoir implicite ; le dramaturge désignera « l’auteur », le « metteur en scène » ou le « chorégraphe ». La dramaturgie n’appartient pas à un sujet ou à une temporalité révolues. La dramaturgie, pour autant qu’on puisse la définir, est une pratique qui nous permet de nous défaire des erreurs de l’intentionnalité et de perturber des économies fondées sur des notions d’individualisme. Après tout, la dramaturgie n’est ni la source originelle ni le réceptacle final du sens d’une œuvre, mais plutôt l’agent d’un processus partagé de production de sens. La dramaturgie a lieu durant l’événement qu’est un spectacle – même si les activités principales d’un dramaturge ont lieu au cours de ce qu’on appelle une répétition. Chaque événement qu’est un spectacle est la répétition d’un autre événement, chaque répétition est un événement. Bien qu’elle requière de la recherche, la dramaturgie, en tant que pratique, naît du fait d’assister à l’événement qu’elle accompagne. On pourrait dire qu’il s’agit d’une forme de réactivité, une manière de parler avec et à propos de l’événement, laissant ses traces ici et là. Continuer la lecture « Dramaturgie sans dramaturge »

Comment trouver des nouvelles alternatives?

Texte à propos du n°128 d’Alternatives théâtrales paru dans la revue DANS (Suède, juillet 2016). Traduit du suédois par Ann Jonsson avec l’aide de Laurence Van Goethem.

Sous le titre There are alternatives la nouvelle équipe de direction a souhaité analyser la situation actuelle. Comment les arts de la scène peuvent-ils se profiler dans un monde aussi changeant que celui nous vivons pour le moment? Quelles sont les alternatives pour le développement  d’un art  minoritaire, accusé d´être trop élitiste, qui s’inscrit aussi davantage dans une société néolibérale exigeant plus de créativité, de flexibilité mais où la rentabilité est un facteur monopolisant l´espace public. Avec pour résultat que beaucoup, dans les domaines de théâtre, danse, littérature, musique et film, risquent de se transformer en pure divertissement pour remplir les salles et les caisses des producteurs. Continuer la lecture « Comment trouver des nouvelles alternatives? »

Des conditions difficiles pour les femmes créatrices

Texte à propos du n°129 d’Alternatives théâtrales paru dans la revue DANS (Suède, juillet 2016). Traduit du suédois par Ann Jonsson avec l’aide de Laurence Van Goethem.

Comment le débat sur le sexe et le genre influence-t-il le milieu théâtral? La création des femmes est elle différente de celle des hommes? Si oui, en quoi diffère-t-elle? Les femmes ont-elles les mêmes difficultés à montrer leurs oeuvres? Gagne-t-on réellement quelque chose en séparant les hommes des femmes? Voilà quelques-unes des questions débattues dans ce numéro: Scènes de femmes / écrire et créer au féminin.

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Dramaturges

En 1999, Joseph Danan ouvrait le n°61 d’Alternatives théâtrales « Écrire le théâtre aujourd’hui » avec ce texte. En guise de prélude à la parution du n°131 « Écrire, comment ? » (mars 2017), nous le re-publions aujourd’hui.

On ne le sait que trop, le XXe siècle théâtral est le siècle du metteur en scène… Il ne s’agit pas ici de brandir contre lui l’auteur oublié. Soyons juste, il l’est de moins en moins. Depuis quelque temps il a entamé son retour. Un long retour. Continuer la lecture « Dramaturges »

Scènes de femmes polonaises

À l’occasion du portrait consacré à Krystian Lupa dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, l’Institut Adam Mickiewicz propose une exploration du paysage artistique polonais, en s’intéressant au parcours de cinq « Fatherkillers ». Ces tueuses de pères, pour reprendre l’expression de Piotr Gruszczynski dans son livre sur la scène polonaise à la fin du XXe siècle, sont des metteuses en scène et/ou dramaturges qui comptent aujourd’hui en Pologne. Dans le sillon (mais pas dans l’ombre) de quelques pères de théâtre comme Krystian Lupa ou Krzysztof Warlikowski, ces jeunes femmes ont trouvé un langage artistique personnel et original.

Nous vous invitons à les découvrir les 15 et 16 décembre à la Galerie HUS (Paris), à deux pas du Théâtre des Abbesses.

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